Lady Helen, le Club des mauvais jours, du Jane Austen à la sauce fantasy

FANTASY ADO — Nous sommes à Londres en 1812, sous la Régence. Lady Helen s’apprête à faire son entrée dans le monde. Orpheline, placée sous la tutelle de son oncle et sa tante qui tentent d’effacer chez elle toute attitude pouvant rappeler la réputation sulfureuse de sa mère, elle n’a pour seule perspective que le mariage. Ou peut-être pas …

Helen fait la connaissance du ténébreux Lord Carlston, parent éloigné à la sinistre renommée, tout juste revenu d’exil et toujours soupçonné du meurtre de sa femme. Cet homme peu fréquentable pique la curiosité de la jeune fille, d’autant qu’il semble détenir certaines révélations sur sa mère et elle-même …

En réalité, Lord Carlston appartient au Club des mauvais jours, un genre de police secrète qui a juré de protéger l’humanité contre les démons. Dotée de dons hors du commun, Helen est appelée à rejoindre ce club très secret. Mais en-a-t-elle vraiment envie ? Elle devra choisir entre une vie insouciante, faite de bals et de dîners mondains et un monde obscur, parsemé de dangers et, disons-le, très peu convenable pour une jeune fille de bonne famille. Quel que soit son choix, sa vie ne sera plus jamais la même.

Premier tome d’une trilogie, Le Club des mauvais jours est plein de promesses, bien que l’intrigue puisse sembler assez simpliste au premier abord. Une jeune fille de bonne famille, dotée d’étranges pouvoirs, qui rejoint un « club » très privé et encore plus secret de défenseurs de l’humanité face à une menace démoniaque … Le scénario, qui n’est pas sans rappeler la très bonne série du Protectorat de l’ombrelle de Gail Carriger, est un peu convenu, mais il n’en est pas moins efficace et recèle même quelques surprises bienvenues.

Le Club des mauvais jours, Lady Helen, Alison Goodman, Gallimard Jeunesse

L’auteur revendique une inspiration issue des ouvrages de Jane Austen, filiation naturelle pour toute romance se déroulant sous la Régence. Certes, l’attirance d’Helen pour le ténébreux Lord Carlston, soupçonné d’avoir assassiné sa femme (quand même !), n’a rien d’inédit. Cependant, l’intrigue amoureuse se marie bien avec les diverses péripéties et n’a pas le côté gratuit que l’on pourrait craindre. Le récit tient la route et la toile de fond historique (l’auteur a poussé ses recherches) est joliment développée et donne une ambiance somme toute très Austinienne au roman. On s’insurge face aux mœurs patriarcales et conservatrices de la famille d’Helen, en particulier son oncle et son frère, on rêve devant les superbes toilettes et les bals mondains … Oui, décidément, la Régence est une période séduisante.

Et puis il y a le surnaturel, bien sûr, car il ne faut pas oublier que si Le Club des mauvais jours a tout d’une romance historique, il n’en est pas moins un roman fantasy dans lequel des forces démoniaques sont à l’œuvre. Comme dans la vie de l’héroïne, l’occulte est discret au début du roman, amené par touches, subtilement, il gagne peu à peu du terrain, jusqu’à devenir le sujet principal.Encore peu élaborés dans ce premier tome, les ressorts alchimiques sont bien posés, et on sent l’influence du mouvement Steampunk dans le goût des protagonistes pour la science et les accessoires élégants mais non moins utiles dans la lutte contre le Mal tels que la montre-lentille de Lord Carlson qui lui permet de voir l’aura et de repérer les démons. On pense encore une fois aux accessoires des romans de Gail Carriger, dont la fameuse ombrelle de l’héroïne qui regorge d’armes secrètes.

En conclusion, bien que Le Club des mauvais jours ne renouvelle pas vraiment le genre, il n’en est pas moins un bon roman, entre fantasy et romance historique, à l’indéniable influence Steampunk. Amoureux du genre, n’hésitez pas, vous passerez d’agréables heures de lecture en compagnie de Lady Helen. Cependant, il me faut vous mettre en garde, il fait partie de ces romans qu’il est fort difficile de lâcher une fois la lecture commencée ! On attend donc la suite, avec impatience !

Lady Helen, le Club des mauvais jours, Alison Goodman, Éditions Gallimard Jeunesse, 2016. Traduit de l’anglais par Philippe Giraudou.

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