THRILLER JEUNESSE — Samantha Bailly, et Anne-Fleur Multon, deux autrices qui ont l’habitude d’écrire pour la jeunesse et les ados, se sont alliées afin de signer C’est pas ma faute, un roman à quatre mains qui lorgne autant vers le feel-good que vers le thriller et ne vous fera plus jamais regarder les réseaux sociaux du même œil. On en parle !
Lolita est une célèbre youtubeuse beauté. Or la voilà qui disparaît des réseaux sociaux du jour au lendemain, sans prévenir ses nombreux admirateurs, ni laisser la moindre trace.
Prudence, sans aucun doute la plus grande de ses fans, est certaine que c’est louche. Quel secret l’image si parfaite de Lolita dissimule-t-elle ? Voilà la lycéenne lancée sur les maigres traces numériques de son idole…
Samantha Bailly et Anne-Fleur Multon ont écrit un roman choral, puisque l’intrigue est suivie tour à tour du point de vue des deux filles – chaque autrice s’étant chargée d’écrire une des protagonistes. Mais ce n’est pas tout ! Elles ont également choisi une construction temporelle audacieuse, mais parfaitement adaptée au sujet. Prudence mène l’enquête à partir du moment où Lolita a disparu alors que les chapitres consacrés à Lolita, eux, nous font faire le chemin parcouru par l’adolescente avant le moment fatidique. Sans surprise, ce choix narratif augmente le suspense. Car si l’on sait que Lolita a disparu, on se demande d’autant plus pourquoi au fil des pages ! A-t-elle été enlevée, séquestrée, enterrée vivante comme le suppose Prudence ? Ou bien y a-t-il une explication plus simple, mais pas forcément plus guillerette ?
L’autre choix très audacieux, c’est celui des adresses aux lecteurs dans les chapitres consacrés à Lolita. Tous les passages sont écrits à la deuxième personne du singulier, ce qui induit une distance assez forte, en même temps qu’un léger sentiment de malaise. Le lecteur est placé dans la position du voyeur, du fan invétéré, et on finit par s’apercevoir que ce n’est pas forcément la meilleure des places…
En même temps qu’il déroule l’enquête, le roman touche à de nombreux sujets de société. Evidemment, il est question de la place que prennent les réseaux sociaux dans la vie des adolescents, mais également de l’impact que leur propre mise en scène peut avoir sur leur vie réelle. Il est également question de cyberharcèlement, d’exploitation du travail des mineurs, de la face cachée des stars de Youtube. Mais aussi d’amitié, d’amour, de folie, de racisme, de préférences sexuelles, de relations familiales. Cela semble trop ? C’est vrai. Mais ça ne l’est pas ! Et c’est sans doute le tour de force du roman. Car chaque sujet est traité avec justesse et bienveillance, ce qui donne au roman ses faux airs de roman feel-good. La lecture est à la fois passionnante – car le volet enquête tient littéralement en haleine – et réconfortante ! Le mélange des genres peut sembler improbable et c’est pourtant particulièrement réussi.
En bref, voilà un titre qui faisait de l’oeil bien avant sa parution – les autrices ayant amplement partagé la face cachée de l’écriture – et qui sait tenir toutes ses promesses ! On en redemande !
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