POLAR — K.L. Slater est une autrice britannique, connue pour ses thrillers psychologiques. Et Elle ou Moi, dont on parle aujourd’hui, fait justement partie du genre !
Depuis la mort de son épouse, Ben fait de son mieux pour élever Noah et Josh, ses deux petits garçons. Pour cela, il peut compter sur le soutien indéfectible de sa mère, Judi, qui est passée à mi-temps au cabinet médical où elle est secrétaire, pour gérer le ménage, le linge et les sorties d’écoles des deux garçons.
Mais voilà que Ben rencontre Amber, une jeune femme très déterminée… notamment à ne plus avoir Judi dans les pattes. Alors que tout le monde s’extasie sur la rencontre inespérée et le bonheur du jeune couple, Judi, qui vit très mal sa mise à l’écart progressive, soupçonne rapidement, et à juste titre, la jeune femme de n’être pas exactement ce qu’elle prétend. Aveuglé par l’amour, Ben a-t-il fait entrer le loup dans la bergerie ?
Le roman commence très fort… par la dernière scène, sobrement intitulée LA FIN et dans laquelle on assiste à un meurtre assez sanguinaire. Ce qui pose d’emblée les enjeux du roman, puisque l’on sait que l’une des deux femmes va mourir.
Le texte reprend aussitôt sur une alternance assez classique vue le sujet : un chapitre suivant Amber, narré à la troisième personne du singulier, un chapitre consacré à Judi, narré cette fois en focalisation interne. Si, dès le départ, Judi est présentée comme la Mamie Nova des pires cauchemars d’une bru, Amber, elle est plus ambivalente… puisque l’on comprend immédiatement qu’elle a non seulement ciblé Ben, mais en plus programmé leur coup de foudre. Une chose est sûre : c’est louche.
Louche… et aussi un peu long. En effet, l’alternance de chapitres, censée faire monter la tension, s’avère au final assez répétitive. On comprend dès le départ qu’Amber a une vengeance à accomplir, on s’interroge immédiatement sur la santé mentale de Judi tant ses réactions sont exagérées, sans que cela évolue de beaucoup jusqu’aux ultimes chapitres. De plus, l’alternance des deux points de vue enferme rapidement le récit dans un certain angle, plutôt fermé. Ce qui oblige l’autrice, à plusieurs reprises, à faire intervenir des chapitres du point de vue d’un autre personnage (mais jamais le même), afin de donner un nouvel angle de vue. Ce qui semble un peu artificiel, d’autant que le procédé est erratique.
Vu le contexte de l’intrigue, il est évidemment question ici de relations familiales, mais aussi de vengeance et de manipulations. Et pourtant, la tension n’est pas si palpitante que cela, la faute à des péripéties trop redondantes et un jeu sur le mystère autour d’Amber qui retombe comme un soufflé, faute d’être réellement alimenté. De plus, une lecture attentive du premier chapitre permet de comprendre assez vite dans la peau de quel personnage on s’est glissé… ce qui ne contribue pas à rendre la lecture plus prenante !
À trop vouloir jouer sur la fibre psychologique, Elle ou Moi se révèle finalement être un roman un peu mou, dont la tension ne décolle jamais vraiment. La fin, en plus de ça, est très expéditive, sortant du chapeau des éléments à peine suggérés avant cela. C’est dommage !
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