TAHITI — Si vous ne pouvez pas partir en vacances cet été (ou en tout cas, moins loin que d’habitude), pas de panique, nous avons LE titre idéal pour vous : L’Arbre à pain, premier tome d’une trilogie tahitienne signée Célestine Hitiura Vaite. Avec Materena et sa famille, dépaysement garanti, c’est promis !
Materena a une petite trentaine d’années et des rêves plein la tête : son quotidien, dans les quartiers populaires de Tahiti, est pourtant bien pragmatique. Femme de ménage, elle élève ses trois enfants en maugréant contre sa feignasse de petit ami Pito et mène une guerre sans fin contre la poussière. Materena, elle rêve d’une nouvelle commode, d’une moquette neuve pour masquer son lino usé jusqu’à la corde, mais ce qu’elle voudrait surtout, c’est que Pito la demande en mariage. Après une douzaine d’années de vie commune, ça ne l’avait jamais vraiment travaillée. Après tout, c’est vrai, un mariage ça coûte super cher ! Mais voilà qu’un soir, un Pito complètement bourré rentre chez eux et lui demande de l’épouser… Bien sûr, le lendemain, il a tout oublié…! Mais ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde, ah ça, non !
Materena va donc, l’air de rien, faire le tour de l’ensemble de sa famille (et des cousins, elle en a une palanquée !) pour tâter le terrain, estimer qui pourrait participer à sa liste de mariage, combien coûterait le gâteau fait par une cousine, combien irait chercher la location d’une limousine conduite par une tante, à combien monterait les frais d’animation d’une connaissance disc-jockey… Le tout dans le plus grand secret car si jamais l’un deux devine que Materena risque de bientôt se marier, tout le monde le saura bientôt via radio-cocotier !
Récit truculent, plein de bonne humeur et d’anecdotes riches en couleur, L’Arbre à pain est un roman savoureux, qui donne la patate et vous permettra de vous évader de votre train-train quotidien le temps de quelques heures de lecture. Grâce aux nombreux mots en tahitien qui émaillent le récit, au franc-parler de Materena et à toutes les aventures vécues par ce clan immense et éminemment sympathique, vous aurez l’impression d’avoir quitté Paris pour Papeete. Le dépaysement est garanti !
Le dynamisme du récit, couplé aux personnages hauts en couleur, font de ce roman une chronique familiale vivante et animée qui, derrière les anecdotes hilarantes, dissimule une critique parfois acide de la société polynésienne : l’ivrognerie quasi institutionnalisée des hommes, la paresse chronique des maris, les femmes qui portent tout le foyer à elles toutes seules, les enfants souvent ingrats, le problème des grossesses adolescentes et/ou non désirées, le faible accès aux études supérieures… le tout sous une chaleur accablante et, avec dans les pattes, toujours un membre de la famille qui vient s’incruster !
Materena arrivera-t-elle à se marier ? Foncez le découvrir !
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