Biotanistes : Sorcières au passé, au présent et au futur

FANTASY POST-APOCALYPTIQUE  — Fantasy, dystopie, science-fiction, … La frontière est parfois fine entre ces genres, surtout lorsqu’ils mettent en scène l’effondrement d’une société. Et c’est ce savant mélange qui fait la saveur de Biotanistes, le premier one-shot d’Anne-Sophie Devriese.

Quelque part dans le futur. Les abeilles ont disparu, la terre est sèche et une maladie grave ravage les populations. Seuls quelques humains survivent dans les dernières oasis, et en particulier des jeunes femmes, qui semblent être plus facilement épargnées par ce fléau. Par la force de choses, les femmes ont donc pris le pouvoir et les hommes, trop rares, sont relégués au rang de mâles reproducteurs. Les jeunes filles qui se remettent de la maladie se regroupent quant à elles au convent, où elles sont alors formées à devenir arpenteuses. Leur but ? Voyager dans le passé pour en rapporter des graines et des connaissances. C’est notamment le cas de Rim qui voit son premier saut dans le passé approcher avec impatience et fébrilité : et si elle n’atterrissait pas en zone utile et devait renoncer pour toujours à voyager dans le temps ? Et puis, qui est Alex, cette nouvelle venue qui la déroute tant et la pousse à reconsidérer ses certitudes ? Et si… Et si les hommes, en vérité, pouvaient survivre au fléau ?

Le gros point fort de ce roman est incontestablement son univers. Et cet univers, c’est le nôtre … si nous ne faisons rien. Anne-Sophie Devriese est partie d’un petit rien (qui n’en est pas un, soyons d’accord) : la disparition des abeilles. De fil en aiguille, elle explore aussi les conséquences d’une pandémie, la disparition de l’art et de la culture pour des disciplines dites plus utiles, ou bien encore la place de l’homme (et par extension de la femme) dans la société. Là où ces pistes de réflexion sont agréables, c’est qu’elles sont subtiles ! Le lecteur qui souhaite se divertir pourra passer sans forcément s’appesantir sur cet aspect, ou bien, au contraire, regarder comment ces allusions sont finement intégrées dans le texte, voire même dans le subconscient des personnages. On le sent, l’autrice a pris du plaisir à replacer des réflexions mille fois entendues en inversant les rôles. Mais attention, loin d’encenser le matriarcat, elle plante aussi des femmes aux comportements inappropriés et nous rappelle donc qu’il faut surtout tendre au respect les uns des autres, loin des clichés donc. Une belle preuve que divertissement et réflexion font bon ménage !

Cela peut être déstabilisant, mais l’histoire peine à se mettre en place. Il faut une bonne moitié du roman pour savoir quelle direction va prendre l’intrigue, et encore un bon quart pour que les éléments s’agencent les uns par rapport aux autres. Notre lecture nous transmet l’intention de l’autrice … mais pas forcément celle des personnages, qui se perd dans cet univers futuriste. Alors, point négatif ? Pas forcément, car cela laisse la part belle pour explorer ce monde complexe. Malgré cela, on avance très vite dans sa lecture et les pages se tournent toutes seules, avides que nous sommes d’en apprendre un peu plus sur les sauts dans le passé ou l’organisation du convent.

Des sorcières,un soupçon de steampunk et un récit aux accents de conte : Biotanistes est un one-shot qu’il ne faut pas manquer. Et maintenant que l’univers est bien posé, pourquoi ne pas y retourner dans une future aventure, pour découvrir ce qu’il reste de l’humanité ?

Biotanistes, Anne-Sophie Devriese. ActuSF, mars 2021.

Par Coralie.

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