ANTICIPATION — Gilles Marchand et Jennifer Murzeau sont deux auteurs habitués à la littérature générale. Les voilà qui croisent leurs plumes pour un texte engagé, à destination des lecteurs adolescents, avec Le second souffle !
Ulysse, 16 ans, vit avec d’autres sous la coupole protectrice du Centre, un endroit protégé dans une forêt isolée et dont il n’est jamais sorti. Dehors règne la Bête. L’extérieur, détruit, est hostile, empoisonné. Les enfants gravement asthmatiques, à la santé précaire, sont encadrés par des médecins qui leur fournissent traitements et occupations adéquats.
Ava, elle, habite Paris. Elle se demande à quoi bon poursuivre ses études alors que le monde court à sa perte. Elle milite pour la planète avec sa meilleure amie Nour, et enrage de l’inaction autour d’elle. Un jour, elle découvre un terrible secret, lié aux activités scientifiques de son père. Elle ne peut plus se taire !
Le récit alterne les voix des deux personnages. Un coup Ava, que l’on suit dans ses luttes, un coup Ulysse, aux côtés duquel on subit moult traitements invasifs et autres inhalations d’oxygène salvatrices. Cette alternance, un brin classique, s’attarde assez longuement sur les présentations des deux personnages dans leurs univers respectifs, ce qui induit quelques longueurs dans la première partie du roman.
Ava et Ulysse semblent évoluer dans des sphères parfaitement parallèles, qui ne communiquent pas. Dans un premier temps, on se demande même si l’un ne se situe pas dans le futur de l’autre ! Cette interrogation permet heureusement de redonner un peu de dynamisme au récit.
D’ailleurs, le fait d’envisager la situation temporelle ainsi rend le discours d’Ava nettement plus percutant. Lorsque l’on voit l’univers dans lequel évolue Ulysse, on comprend tout à fait l’urgence que ressent Ava face au galop du changement climatique. Il y a tant à faire et tant d’inactions à combattre !
Au fil des chapitres, les auteurs glissent des réflexions autour de notre rapport à la nature et à l’environnement – évidemment -, mais aussi autour des relations familiales. Si Ulysse est orphelin, Ava a toujours un père, bien qu’il soit aux abonnés absents. La figure du père va aussi servir à questionner la science et cette fameuse interrogation “la fin justifie-t-elle les moyens ?”.
Plus le récit avance, plus le rythme s’emballe, jetant les personnages dans une cavale échevelée qui les voit repousser leurs limites et traverser une large moitié du pays, avant de réussir à faire entendre leurs voix. La fin, très ouverte, colle à l’ambiance générale, mais laisse aussi un peu sur sa faim, donnant l’impression que tout s’est terminé assez simplement pour notre duo.
Le second souffle propose donc un récit mêlant aventure et anticipation, tout en donnant quelques leçons de morale sur notre rapport à l’environnement. Le style des deux auteurs est très fluide et rend la lecture assez prenante, bien que le scénario souffre de quelques longueurs.
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