YOUNG ADULT — Ce roman est la préquelle du célèbre The Hate U Give, mais il peut tout à fait se lire indépendamment : les lecteurs qui ont THUG en tête y verront de nombreux petits clins d’oeil, mais les autres ne seront pas perdus pour autant.
Concrete Rose se passe en 1998, dans le quartier noir de Garden Heights et son héros est Maverick (le père de Starr pour ceux qui ont lu le premier roman d’Angie Thomas). Maverick est encore au lycée, mais les études, ce n’est pas son fort et pour se faire un peu de blé, il deale sous l’égide du gang de son père. Mais un jour, Maverick découvre que suite à un accident de contraception, il est père. À seulement dix-sept ans. La mère du bébé ne peut plus gérer et lui confie un nourrisson de trois mois. Maverick va devoir apprendre à s’en occuper, et pour se faire, il veut devenir un homme bien…
Maverick fait donc, à un âge particulièrement tendre, l’apprentissage en accéléré de la paternité. Le voilà avec un bébé qui n’a plus que lui au monde alors qu’il n’a jamais changé une couche de sa vie. L’occasion pour Angie Thomas de nous livrer des scènes souvent drôles, avec ce grand gaillard qui essaie de se dépêtrer avec les petits pots et les cacas explosifs… mais pas que ! La narration étant à la première personne, avec un style très oral, le lecteur découvre l’amour paternel presque immédiat qui saisit Maverick, ses doutes, ses angoisses… Entre les réflexions que se fait Maverick et les perles de sagesse délivrées par sa propre mère, Angie Thomas nous livre des sentences très justes sur la parentalité. Ainsi, p. 52 : « Quand on est parent, il y a rarement quelqu’un pour réparer ses erreurs. » C’est tellement vrai !
Le roman parle aussi beaucoup de l’univers des gangs, du deal, de la difficulté de se dépêtrer de tout ça. La misère, le décrochage scolaire et les préjugés raciaux sont également au centre de l’intrigue. Heureusement, Maverick va se trouver un mentor en la personne de l’épicier du quartier, qui, à sa manière rude mais bienveillante, va le remettre peu à peu dans le droit chemin. Pourtant, l’argent facile continue à lui faire de l’oeil… Il faudra rester fort pour y résister.
Enfin, le récit de Maverick fait également la part belle au deuil et à l’esprit de vengeance. Un des proches du jeune garçon est assassiné au cours du récit. La question de découvrir son meurtrier et de faire réparation revient en boucle dans la tête du héros. Il est sur la corde raide. Que choisira-t-il de faire ?
Voilà une lecture aussi nécessaire et aussi efficace que l’était The Hate U Give en 2018.
Soyez le premier à commenter