FANTASY — La réputation de Pierre Pevel dans le paysage de la fantasy française n’est plus à faire ! Alors quand l’opportunité s’est présentée de redécouvrir le premier tome du Paris des Merveilles à l’occasion de sa réédition cette année chez Bragelonne, autant vous dire que nous n’avons pas hésité une seule seconde. La nouvelle couverture — sobre et élégante — qui accompagne cette réédition nous invite d’ailleurs à plonger dans ce Paris magique de la belle époque. Et presque 20 ans après la parution d’origine, le plaisir de lire Les Enchantements d’Ambremer est toujours intact.
Imaginez Paris, au début du XXe siècle. Les messieurs ont de fières moustaches, des chapeaux melons ; les dames portent des corsets, des jupons, des bottines à boutons. Déjà, de rutilants tacots pétaradent parmi les fiacres le long des Grands Boulevards aux immeubles haussmanniens. Mais ce n’est pas le Paris de la Belle Époque tel que nous l’entendons : la tour Eiffel est en bois blanc, les sirènes nagent dans la Seine et une ligne de métro permet de rejoindre le pays des fées.
Occupé à enquêter sur un trafic d’objets enchantés, Louis Denizart Hippolyte Griffont, mage du Cercle Cyan, se retrouve mêlé à une série de meurtres. Confronté à des gargouilles immortelles et à un puissant sorcier, Griffont n’a d’autre choix que de s’associer à Isabel de Saint-Gil, une fée renégate que le mage ne connaît que trop bien… puisqu’ils ont été mariés ! Les voilà donc à nouveau associés dans une enquête qui les dépasse. Mais sauront-ils tirer leur épingle du jeu ?
L’intrigue créée par Pierre Pevel mélange le roman d’enquête et d’aventure, le tout savamment dosé grâce à une plume légère et élégante, ponctuée d’humour. Les péripéties s’enchaînent sans temps morts, portées par un duo attachant et dynamique (peut-être au détriment des personnages secondaires qui sont quant à eux plus effacés). Le choix est fait de lancer pas mal de sous-intrigues au début du roman avant de les faire toutes se rejoindre en un seul dénouement, ce qui simplifie finalement la lecture et permet de se concentrer sur l’environnement. Car le succès de ce roman tient en très grande partie à son atmosphère, qui est plus que réussie. Prenez le meilleur de Paris … et ajoutez-y juste ce qu’il faut de magie. Vous obtenez ainsi une capitale fantastique où l’on rêve de flâner. L’auteur a su doser ce qu’il faut pour que les amoureux de la ville Lumière la reconnaissent et s’y repèrent, sans tomber dans l’effet inverse et perdre les lecteurs qui ne connaissent pas bien Paris.
Le choix de la Belle Époque permet quant à lui de placer l’intrigue à une période où la France est encore insouciante et puissante, sans pour autant évoquer les prémices de la Première Guerre mondiale : ce sera, selon le lecteur, un léger oubli de géopolitique pour placer le contexte, ou au contraire une omission bienheureuse pour rester dans le divertissement. Placer l’intrigue au début du XXe est également astucieux puisque cela permet de développer une atmosphère steampunk, tout en s’affranchissant des progrès technologiques afin de simplifier l’enquête qui est au cœur de l’intrigue.
C’est donc un gros coup de cœur pour ce Paris uchronique que l’on a hâte d’arpenter à nouveau dans le deuxième opus des aventures de Griffont. En attendant la suite, pourquoi ne pas aller s’asseoir au pied du grand saule afin d’écouter ce qu’il a à nous dire ? Car la magie est partout pour ceux qui veulent bien la voir …
Le Paris des Merveilles, T1 Les Enchantements d’Ambremer, Pierre Pevel. Bragelonne, février 2022.
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