FANTASY — L’âge de la folie se situe dans le même univers que les séries Terres de sang et La première loi déjà écrits par Joe Abercrombie. Pas de panique si vous n’en avez lu aucun : tout est lisible de façon parfaitement indépendante !
Dans le ciel d’Adua, les cheminées industrielles crachent leur fumée et le monde nouveau regorge de possibilités. Malgré tout, les vieilles inimitiés ne sont pas réglées. A la frontière du Pays des Angles, dans un bain de sang, le jeune guerrier Leo dan Brock cherche à se couvrir de gloire en écrasant les hordes de maraudeurs nordiques qui risquent de déferler sur son territoire. Pour vaincre, il aurait besoin du soutien de la couronne. Hélas pour lui, le prince Orso, qu’on lui envoie comme soutien stratégique, ne vit que pour s’enivrer et trahir ses proches…
Fondatrice de la Société Solaire, femme d’affaires et fille de l’homme le plus redouté de l’Union, Savine dan Glokta entend bien gravir l’échelle sociale par tous les moyens. Mais chez les miséreux couve une fureur qu’aucun privilège ne saurait contrôler.
Avec l’aide d’une femme des collines réputée pour sa folie, la jeune Rikke lutte pour maîtriser la vue longue, un don précieux… ou une malédiction – et cela commence plutôt comme la seconde.
Si l’ère des machines s’ouvre, celle de la magie refuse de mourir…
Si l’on résume, l’histoire pourrait sembler assez simpliste : deux royaumes se défient quand, parallèlement, une ville hyper-industrielle affronte la révolte du prolétariat. Simple, non? Tout repose, en fait, sur les personnages – les enfants des personnages que l’on suivait dans les tomes de La Première loi. Alors, évidemment, si vous avez tout lu, vous apprécierez d’autant plus ; si ça n’est pas le cas, vous aurez le plaisir de découvrir quelques rebondissements très bien amenés – et qui ne nécessitent pas d’avoir lu les autres romans de l’auteur.
Ce sont vraiment les pérégrinations des personnages qui portent toute l’intrigue. Difficile, d’ailleurs, de déterminer qui fait partie des antagonistes et qui n’en est pas, tant les portraits sont finement nuancés. On pense tenir un personnage qui penche du bon côté et hop, le voilà amené à perpétrer des actes pas forcément recommandables. On oscille donc toujours d’un côté à l’autre, et cela rend les parcours des personnages très prenants.
Il faut aussi dire qu’ils évoluent dans un univers dur et sombre, où le cynisme semble régner en maître et où la seule maxime à appliquer semble être “la loi du plus fort est nécessairement la meilleure”. Cela n’incite donc pas spécialement à une bienveillance extrême. Et cela colle parfaitement au contexte géopolitique en place : guerre d’un côté, lutte des classes acharnée de l’autre.
Autre point vraiment appréciable : les intrigues secondaires sont quasiment toutes résolues à l’issue du roman. Ou, du moins, elles connaissent une conclusion telle que l’on pourrait s’arrêter là – si ce n’est que le fil rouge de la trilogie (à savoir les luttes intestines comme le conflit avec les Angles), lui, est loin d’être résolu. Entre ce point et l’enchaînement dynamique des péripéties, cela fait d’Un soupçon de haine un roman particulièrement prenant !
On avait adoré Pays rouge, on rempilera volontiers avec L’âge de la folie. On y retrouve le détournement de motifs du roman classique (ici la lutte des classes sur fond de révolution industrielle), serti dans un cadre et une intrigue fantasy qui tiennent non seulement la route, mais aussi le lecteur en haleine de bout en bout. Vivement la suite !
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