The girl with no soul : une dystopie jeunesse classique à souhait.

FANTASY JEUNESSE — Morgan Owen, initialement libraire, entre en littérature jeunesse américaine avec le titre dont on parle aujourd’hui : The Girl with no soul.

À Providence, la dictature de l’Ordre est totale. L’âme de chaque citoyen est scrutée, contrôlée. Chaque âme doit être constituée de cinq composantes : l’Esprit, le Cœur, la Mélodie, l’Ombre et l’Étincelle. Et gare à celles qui s’écartent du droit chemin : elles sont aussitôt reprogrammées.
Iris, elle, ne possède pas d’âme. Elle est Vide. Si cela lui permet d’échapper à la vigilance des Inspecteurs, et des réseaux d’Yeux qui quadrillent la ville, c’est aussi ce qui l’empêche d’éprouver des sentiments et de se souvenir de son passé. Pourtant, au contact d’un bijou appartenant à une des riches familles au pouvoir, son Étincelle se réveille. Des sentiments qu’elle pensait ne jamais éprouver, des souvenirs manifestement enfouis surgissent et, avec eux, un désir irrésistible de découvrir d’où elle vient.
Qui a volé l’âme d’Iris ? Et pourquoi ? Pour le savoir, elle devra s’approcher au plus près des secrets du pouvoir. Désormais traquée par l’Ordre, parviendra-t-elle à rassembler les pièces manquantes de son identité… et à recoller les morceaux de son cœur ?

The girl with no soul propose un univers dystopique assez classique, au sens où l’on retrouve le schéma habituel d’une frange de la population en lutte VS l’ordre autoritaire au pouvoir. Heureusement, l’univers propose quelques originalités, ainsi de l’âme aux cinq composantes, et de la magie qui en découle.
Le système de magie n’est pas très détaillé, mais se laisse deviner au fil des péripéties, lorsque les personnages sont amenés à en faire l’usage. Ceux-ci gravitent autour du duo phare : Iris d’un côté, la jeune fille à la recherche des morceaux évaporés de son âme, Evander, de l’autre, qui l’accueille parmi les bas-fonds et semble vouloir lui aussi défaire l’ordre en place.

A partir de là, malheureusement, on retombe sur des chemins particulièrement classiques. Evidemment, l’Ordre se maintient au pouvoir sur la base d’un mensonge éhonté. Evidemment, la résistance va subir de nombreux revers avant d’espérer avancer un brin. Sans surprise, un intérêt romantique se noue entre les deux protagonistes. De fait, cette romance repose sur une jolie pirouette, mais le reste manque clairement d’originalité.

D’autant que le récit recèle quelques incohérences au-delà desquelles il est difficile de passer : la résistance semble avoir été trahie par un traître, avant que cet aspect du récit ne soit abandonné, sans que l’on sache pourquoi. De plus, le système de magie souffre d’un certain manque d’explications : ainsi, les protagonistes se sortent d’une situation périlleuse par un tour de passe-passe magique qui peine à convaincre, faute de préparation en amont.
Enfin, les personnages sont à peine creusés, ce qui contribue à renforcer cette impression de roman inabouti.

The Girl with no soul est donc un premier roman au concept intéressant, mais qui souffre malheureusement de faiblesses narratives qui ne lui permettent pas de transformer l’essai. Il faudra surveiller la suite des œuvres de l’autrice !

The Girl with no soul, Morgan Owen. Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Isabelle Troin. La Martinière jeunesse, octobre 2022.

A propos Oihana 710 Articles
Lectrice assidue depuis son plus jeune âge, Oihana apprécie autant de plonger dans un univers romanesque, que les longues balades au soleil. Après des études littéraires, elle est revenue vers ses premières amours, et se destine aux métiers du livre.

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