THRILLER — Le roman de Julia Richard débute comme de nombreuses romances improbables : par une amourette d’un soir, sous une emprise éthylique. Cependant, après des années de galères sentimentales, Dana, l’héroïne, pense avoir trouvé l’homme de sa vie. Tant et si bien que la voilà, quelques mois plus tard, sur les routes direction une maison reculée, prête à passer quinze jours chez sa belle-famille.
Ô, belle-famille, que je te hais… Dana est pourtant pleine de volonté, prête à passer deux semaines en tête à tête avec la famille de Basil, son compagnon, dans une maison isolée et privée de réseau et d’internet. La jeune femme se réjouit que son petit ami ait envie de la présenter à ses parents et à son frère. Cependant, dès l’arrivée à la maison des Paternoster, le malaise s’installe. Quelque chose cloche. Est-ce la décoration, surchargée et figée dans le passée, les murs épais, l’impression d’isolement ? Ou tout simplement l’étrange et peu naturelle bonhommie du père, porté sur la poisson, le regard fuyant de la mère… ? Le résultat est net : le malaise est savamment orchestré et indéniable. Il montera crescendo tout au long du roman, après un chapitre d’ouverture sous forme de flash-forward digne d’un film d’horreur.
Chez les Paternoster, Dana subit sexisme et racisme, des conversations improbables et des situations odieuses, véritablement révoltantes, le tout sous un vernis de fausse amabilité. Le lecteur prend bien sûr son parti et rêve de lui conseiller de s’enfuir. Mais Dana, bien que régulièrement tentée de faire ses valises, reste : elle désire plus que tout plaire, être intégrée à la famille, validée par ses beaux-parents.
Le récit se dévoile vraiment inclassable : de prime abord, on songe à un récit horrifique, on envisage l’irruption du fantastique. C’est un récit féministe, un thriller psychologique, et clairement un livre d’ambiance, où l’autrice se montre immensément douée pour susciter tout un flux d’émotions parfois contradictoires chez le lecteur. En filigrane : une dénonciation militante d’une société patriarcale prête à avaler les femmes pour mieux les contraindre à endosser le rôle qu’on attend d’elle : des épouses et des mères, l’élément qui permettra au maillon suivant de la chaîne de se forger.
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