Les Histoires, ça ne devrait jamais finir

Les Histoires ça ne devrait jamais finir

ROMAN ADO — Les Histoires, ça ne devrait jamais finir, c’est un roman sur les romans, en une belle mise en abîme. Un livre sur le pouvoir de la fiction, sur la manière dont celle-ci nous aide à nous construire. Et c’est très chouette !

Lucien a seize ans et c’est un immense fan de la série fantastique des Mondes invisibles. Il lit et relit ces trois livres, se perd dans son univers fantastique. Il écrit des tonnes de fanfictions, discute avec des centaines d’autres fans en ligne, bien caché derrière son pseudo. En dehors des Mondes invisibles, cependant, Lucien est un garçon discret et timide qui se cherche. Il ne se considère pas comme faisant partie de la masse des « gens normaux ».

Le jour où l’autrice des Mondes invisibles annonce qu’elle arrête sa série avant la parution du dernier tome, Lucien a le sentiment que le monde s’effondre. Mais si, en fait, c’était la meilleure nouvelle de sa vie ? Lucien en effet va se lancer dans la vraie vie, dans une enquête pour retrouver la mystérieuse autrice, dont personne ne sait rien ou presque. Chemin faisant, il va rencontrer d’autres fans IRL…

Joli roman sur le pouvoir de la littérature, sur la manière dont la fiction fédère et passionne, Les Histoires, ça ne devrait jamais finir parlera à tous les ados (et ex-ados) qui entendent sans cesse « quoi, encore dans un livre ? ». J’ai été ce genre de jeunes filles, je me souviens encore très bien de ma mère me proposant de sortir un peu pour changer (sortir, pour quoi faire ?). Lucien est le niveau ultime du lecteur intense, il relit beaucoup, il est un brin monomaniaque, rien d’autre ne semble exister pour lui (pour être honnête, c’est un brin too much, et c’est une ex-ado qui a vécu la vague Harry Potter de plein fouet qui le dit, mais on en fait vite abstraction pour se plonger véritablement dans le roman).

Le récit, cependant, est absolument touchant : on voit Lucien sortir de sa coquille, découvrir la réalité. Grâce à la littérature, il va apprendre qui il est vraiment, il va se faire des amis, il va vivre des expériences incroyables. Le roman parle aussi beaucoup de ça : de cette période charnière de l’adolescence où on essaie de définir qui on veut être, ce qu’on aime, où on essaie de prouver qu’on n’est pas que l’enfant de ses parents. Le roman pose d’ailleurs beaucoup la question du genre et de l’identité sexuelle.

Un mot du style : il est efficace et tout doux, le rythme est assez particulier, un brin lancinant, dans le bon sens du terme. Les chapitre sont très courts, ça se lit donc très vite. La réflexion sur la création artistique est fascinante !

Une belle et douce lecture sur l’univers de la fanfiction, sur l’adolescence et l’identité, mais aussi sur le deuil.

Les Histoires, ça ne devrait jamais finir, Esmé Planchon. Bayard, 2022.

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

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