FANTASY JEUNESSE — Fanny Caldin adore raconter et écrire des histoires depuis toujours. Après des études de lettres et un DUT des métiers du livre et de l’édition, elle est aujourd’hui libraire et autrice. La Cartomancienne, que nous vous présentons aujourd’hui, est ainsi son premier livre, et le premier tome d’une trilogie construite autour du Tarot, son objet fétiche.
Marseille 1850. Pytha, ou Py pour les intimes, est une jeune mendiante qui a appris à ne compter que sur elle-même, jusqu’à ce que la Providence place sur son chemin un mystérieux oracle divinatoire. Chaque tirage la fait basculer dans un monde de brume où d’étranges silhouettes jouent l’avenir sous ses yeux. Grâce à la magie des cartes, Py découvre qu’une quête l’attend : un voyage vers les secrets de son passé. Mais l’oracle attire les convoitises et il lui faudra beaucoup de courage pour déjouer les pièges du Hasard, qui n’aime rien tant que bousculer le Destin…
L’histoire autour de l’écriture de ce roman est très touchante. Si on en croit les interviews de l’autrice que l’on peut trouver sur le net, une relecture des Royaumes du Nord (une trilogie que l’on vous conseille fortement au passage !) lui aurait donné envie d’avoir son propre aléthiomètre pour répondre à toutes ses interrogations. Comme ce n’était évidemment pas possible, Fanny Caldin s’est tournée vers un oracle (au sens du jeu de cartes), qui lui aura inspiré cette histoire. On sent d’ailleurs au fil de la lecture que le sujet est maîtrisé et c’est vraiment agréable de découvrir les origines du Tarot, que l’on croit ou non à sa magie. Ce côté historique et documenté apporte vraiment un plus à la lecture. Les informations sont savamment distillées, au gré des péripéties et des moments un peu plus lents, nécessaires à l’apprentissage de Py.
Si Py est une jeune fille attachante, on ne peut pas vraiment en dire autant des autres personnages qui sont très stéréotypés et/ou cantonnés à des rôles précis sans vraiment de profondeur. On peut néanmoins s’interroger sur cette volonté de faire correspondre les personnalités à certaines arcanes du tarot, ce qui ferait écho au fil rouge du livre. C’est notamment le cas de Lazare, dont nous ne vous divulgâcherons pas le rôle, et de Magda. Cette dernière représente la figure d’une matrone discrète, effacée et bienveillante qui se substitue pour Py à une figure maternelle le temps de son séjour à l’évêché. Magda est ainsi l’outil utilisé par l’autrice pour expliquer l’apparition de ses menstruations, et donc la féminité, à sa jeune protégée. S’il est particulièrement intéressant de voir ce sujet abordé dans une œuvre de fiction pour la jeunesse, il est toutefois dommage que le sujet n’évite pas quelques clichés … Dans le même ordre d’idée, la relation entre Py et Guibert semble un peu malsaine, et ce malgré l’évolution en bien du lien qui les unit. Leur rencontre s’étant déroulée sous des auspices plutôt défavorables, on a plutôt l’impression d’assister à un syndrôme de Stockholm qu’à une véritable rédemption, malgré tout le soin que met l’autrice à donner de la profondeur à Guibert.
La Cartomancienne est donc un premier roman jeunesse, qui oscille entre quête initiatique et ésotérisme. Si ce premier tome pose les bases du tarot, le deuxième tome dont la sortie est prévue en mai 2024 nous promet une plongée en pleine sorcellerie. Avis aux amateurs !
Les Arcanes de Brume, tome 1 : La Cartomancienne, de Fanny Caldin. Robert Laffont, mai 2023.
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