ROMAN FANTASTIQUE JEUNESSE — Mel Andoryss est sur tous les ponts en cette année 2016 ! Alors qu’elle nous a enchantés avec L’Architective cet été, elle clôt sa série Les Enfants d’Evernight – d’ailleurs, l’avant-dernier tome de la bande-dessinée ne devrait pas tarder à paraître chez Casterman.
Rien ne va plus à Evernight : les enfants se sont enfuis de l’orphelinat à bord du ballon. L’Autorité retient toujours Mathias, le Maître du Temps, prisonnier dans son Palais.
Mais Camille voit enfin le bout du tunnel : il ne lui reste qu’à franchir la porte entre les mondes, à la tour de l’horloge, pour retrouver sa vie d’avant. Or, il semblerait que son plan soit sévèrement compromis…
En effet, North et Maximilien ont des projets bien différents pour la jeune fille, prise dans un complot qui la dépasse totalement. Et tout s’accélère : l’Autorité a lancé le terrible Mac Claw aux trousses des fugitifs, lesquels vont devoir affronter leurs pires cauchemars pour voir revenir la paix à Evernight…
Après deux très bons premiers tomes, Mel Andoryss termine la série en fanfare ! Quel troisième tome ! Camille, jusque-là si passive et spectatrice de sa propre vie, prend les choses en main – enfin, pourrait-on dire. Et cela se ressent dans l’économie du roman : les batailles aussi épiques que survoltées sont légion ! De fait, la tension ne se dément jamais, y compris dans les moments plus calmes. Si nos personnages ne luttent pas pied à pied pour leur vie, ils sont à tout le moins en train de s’activer sérieusement pour.
Plus le récit avance, plus les révélations fusent. On percevait déjà toute l’horreur des situations des trois enfants acceptés à Evernight, on en apprend un peu plus ici : les passés de Mathias et de North, dramatiques à souhait, se dévoilent – celui de Maximilien reste un peu plus flou. On fait donc quelques allers-retours entre la situation à Evernight et les souvenirs ô combien douloureux de Mathias, ce qui fait grandement monter le suspens, et ce d’autant plus à mesure que l’on prend conscience de la façon dont ces souvenirs et la situation d’Evernight s’articulent.
Ce dernier tome nous fait également découvrir le reste de l’univers. Jusque-là, on avait essentiellement traîné nos basques dans Riorim, les diverses usines de Max, Mathias et North, et l’orphelinat. Cette fois, l’épopée de Camille la mène sur le continent d’Evernight, que les migrations aléatoires rendent difficile à situer ou à arpenter. Il n’en est pas moins le refuge de peuplades particulières, comme les grenouilles nomades chevauchant des escargots sauvages, nourrissant les enfants de contes, et faisant montre d’une rare sagesse dont on découvre les perles avec un immense plaisir.
Peu à peu, tous les indices disséminés jusque-là (et dont certains étaient fort bien cachés) font sens et nous acheminent vers une conclusion magistrale. On sent venir certaines choses, on est surpris de la façon dont Mel Andoryss contourne l’horizon d’attente qu’elle vint de créer et, si la fin introduit une certaine nostalgie, on ne peut qu’en admirer la construction !
La Promesse de Camille vient donc clore une série envoûtante, sise dans un univers qui n’est pas sans rappeler ceux de Peter Pan (souvent cité dans ce dernier tome, d’ailleurs), Alice au pays des merveilles ou La Quête d’Ewilan. Evocateur, fantastique à souhait, truffé de petites inventions originales, puissamment onirique, c’est un univers qui marque durablement l’esprit et qu’on oublie difficilement. Mel Andoryss y tisse une histoire fascinante où il est question de rêves et de cauchemars, mais aussi d’aspirations secrètes, de la force qui réside en chacun d’entre nous et qu’il faut tâcher d’aller puiser, ainsi que de l’enfance – et de la résonance qu’elle peut avoir sur une vie d’adulte.
Voilà donc une série enfantine – qui devrait contenter les jeunes lecteurs dès 10 ans – qui saura aussi parler aux lecteurs bien plus âgés, pour peu qu’ils n’aient pas perdu leurs âmes d’enfants !
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