ROMAN HISTORIQUE — Lorsque la jeune Eleanor arrive sur la plantation de Mrs Whitfield, la fillette convainc son père de lui racheter une des petites esclaves qui la fascine. Le Docteur Mc Coy cède et paie pour la mulâtresse lui empêchant au passage une terrible punition qu’il juge inhumaine. Une fois dans la maison familiale, elle sera baptisée Eve, ni libre, ni servante, mais compagne pour Eleanor et ses jeux.
On plonge donc au cœur du destin de ces deux protagonistes qui au cours de leurs parcours de femmes ne connaîtront jamais la liberté. Eleanor, blanche et aisée, est emprisonnée par les convenances de son milieu. Elle a pour devoir de se tenir droite, savoir broder et obéir. Eve, quant à elle, n’est pas esclave, mais elle doit se contenter d’être l’ombre d’Eleanor sans jamais avoir vraiment sa place.
Autour de la relation des deux filles se joue une des pages les plus importantes de l’histoire américaine : l’accession au pouvoir d’Abraham Lincoln. Bien évidemment, la guerre de Sécession suivra de peu, opposant le Nord au Sud et amènera progressivement à l’abolition de l’esclavage dans les plantations de coton.
C’est d’ailleurs ce fameux coton qui est le drôle de narrateur de ce récit, nous précipitant du quotidien de nos héroïnes à celui des esclaves, puis à des pans d’Histoire américaine pour terminer sur des descriptions de courtepointes. Le tout est déroutant et finit bien souvent par perdre le lecteur entre chaque chapitre. Pourtant, on s’intéresse à Eve et Eleanor, la transmission qui se fait de l’une à l’autre et la quête identitaire qui les secoue. Eleanor doit-elle être ce qu’on veut d’elle sans jamais broncher ? Eve parviendra-t-elle à trouver d’où elle vient et se sentir elle-même ?
Néanmoins, La Porte du Ciel ne parvient pas à tenir ses promesses. La relation entre les deux jeunes filles est rapidement survolée et manque cruellement d’émotions. On ne découvre pas le récit inattendu d’une amitié entre une enfant blanche et une enfant noire. Eve et Eleanor ne deviennent que des prétextes pour aborder des sujets de fond. Ainsi, Dominique Fortier laisse la part belle à la guerre, la place des femmes et l’esclavage, mais tout va si vite qu’on ne parvient pas à se fixer, laissant une amère impression de roman brouillon. L’unique fil conducteur sera finalement la courtepointe et sa présence au sein du récit imagera d’ailleurs parfaitement cet effet de patchwork qu’on ressent en passant d’un chapitre à un autre. Et alors que les courtepointes étaient souvent porteuses de messages entre les femmes, on reprochera des descriptions longues et pas assez claires qui ne permettent pas de saisir un visuel.
Finalement, La Porte du ciel fait partie de ces romans qui, à la lecture du résumé, sont très prometteurs, mais qui s’avèrent décevants lorsqu’on les découvre à cause d’un trop grand écart entre la quatrième de couverture et le contenu.
Même si ce livre a reçu une belle renommée médiatique, je n’ai pas envie de le lire. Merci pour votre avis !
Je le commence juste. Pour le moment j’aime beaucoup, mais il est vrai que les moments entre les deux petites filles sont peu nombreux. A voir par la suite…