FANTASY – L’été dernier, on vous présentait un de nos coups de cœur en fantasy : Les Filles de l’orage, le premier volume de la trilogie Le Sang et l’Or, de l’australienne Kim Wilkins. Et si, dans une trilogie, on a coutume de dire que le tome 2 est le plus faible, ça ne s’est pas ressenti à la lecture des Sœurs du feu !
À l’issue du premier tome, Ælmesse et le roi Aelthric étaient sauvés mais les cinq princesses, elles, séparées. Et c’est ainsi qu’on les retrouve, chacune de son côté, vivant dans un monde qui semble en paix… et dont les apparences sont trompeuses.
Quatre ans ont passé depuis la fin du premier tome.
Rose vit dans le Bradsey, chez sa tante Yldra, une sous-magicienne. Rowan, la fille qu’elle a eue avec Heath, lui a été enlevée et a été confiée à Skalmir, un homme de confiance, dont Rose ignore même jusqu’à l’existence. Ash, de son côté, sillonne toujours le pays aux côtés d’Unweder, dans l’espoir de déjouer son funeste dessin. Ivy, une des deux jumelles, s’est retrouvée propulsée duchesse de Sæcaster, mariée à un vieillard dont elle a eu deux enfants… mais son côté enjoué et volage n’a pas disparu, car elle a pris pour amant Crispin, le capitaine de la garde. Une attitude que la puritaine Willow, sa jumelle, renierait sans aucun doute. Celle-ci, d’ailleurs, continue de se consacrer entièrement à Maava, le dieu unique du trimartyr. Sa foi, comme sa haine pour Bluebell, la consument littéralement. D’ailleurs, elle compte bien régler son compte à son aînée à l’aide de Griðbani, l’épée des trolls, forgée spécialement pour la tuer. Bluebell, quant à elle, vit sa vie et ignore les détails les plus secrets des vies de ses sœurs, quoiqu’elle ait fort bien régenté certaines de leurs existences – celle de Rose, par exemple. L’ennui, c’est que le Thyrsland, cette fédération de royaumes, a des ennemis. Et qu’au sein même de la fédération, Ælmesse ne compte pas que des amis…
Si la situation, au départ du roman, semble plutôt stable, elle ne tarde pas à vaciller. Tout d’abord, Rose reçoit un message provenant d’un ami de Heath, l’informant que celui-ci est très malade et pourrait venir à mourir. Rose se précipite donc à son chevet et va faire des découvertes étranges. Ash, elle, trouve subitement ce qui pourrait l’aider à accomplir sa quête… ce qui n’est pas pour la rassurer tant le danger est proche. Bluebell, elle, apprend que l’épée des trolls qui pourrait la tuer est détenue par l’une de ses sœurs ; reste à savoir laquelle. Et tout se précipite lorsque Rowan est enlevée, dans le Bois hurlant. Bluebell va donc battre le rappel des troupes et tenter de remettre le royaume en bon ordre, de préférence sans y laisser la peau.
Comme dans le premier volume, l’intrigue semble assez simple : chacune des princesses mène sa vie et suit sa propre quête. Car, si l’on résume, il y en a une qui essaie de tuer l’autre, celle-ci essayant de rester en vie, et la troisième tente de ne pas anéantir le monde. Les deux autres, quant à elles, s’occupent de leurs affaires (royales ou personnelles), sans trop penser au reste. Vu comme cela, c’est donc assez simple. Or, comme dans le tome 1, c’est l’enchaînement des péripéties et les rebondissements qui rendent l’intrigue si prenante. Celle-ci, à nouveau, va s’enrichir et se complexifier au gré des actions des cinq jeunes femmes, celles des unes se répercutant sur les existences des autres. Un peu à la manière des tragédies, d’ailleurs, on sent comme une force inéluctable qui les propulse et influe sur leurs vies – décidément bien mouvementées.
Dans le premier tome, le différend religieux qui opposait les païens aux trimartyrs était assez violent. Cette fois, il a encore empiré, certains royaumes allant jusqu’à refuser d’aller en aider d’autres au prétexte qu’ils n’embrassent pas la foi trimartyr. Et la religion fait un excellent levier de guerre, ce que Willow a compris à merveille, son grand projet était d’ailleurs de convertir au trimartyr le peuple d’Hakon… afin de s’en servir pour défaire Bluebell. Bref : c’est la crise.
Et alors que le duel religieux semble bien installé, un troisième parti fait son apparition : les Ærfolcs. Il en a été assez peu question dans le premier tome, uniquement pour parler de l’ascendance de Heath et de sa fameuse chevelure – dont de dangereux reflets se sont cachés dans celle de Rowan, menaçant de révéler au monde entier sa véritable ascendance. Cette fois, ce peuple rejeté est au centre de l’histoire, ainsi que ses coutumes et croyances. Sur les pas des Ærfolcs, on arpente les chemins cachés du Bois hurlant et de la forêt séculaire, on passe des dolmens et des cromlechs aux vertus magiques, qui mènent vers des lieux secrets. Les rites des Ærfolcs, avec leurs accents druidiques, ont d’ailleurs des petits airs de coutumes irlandaises, ce que ne démentent absolument pas les paysages que l’on traverse.
De plus, les caractères des princesses s’affinent : celles qui étaient effacées ou agaçantes dans le tome prennent du poil de la bête, tandis que Bluebell sent monter des instincts guerriers, exacerbés dès lors que l’on touche à sa famille. Elles sont certes sœurs, mais elles sont aussi dissemblables que possible, ce qui amène une intéressante variété de caractères et de personnages.
En somme, le premier tome était une excellente découverte et celui-ci est du même niveau : les aventures des cinq sœurs sont passionnantes de bout en bout et ce n’est pas la conclusion, quelque peu inattendue et promettant d’intéressants développements, qui démentira cette impression. Vivement la suite, donc !
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