Pour nous autres français, 1936 évoque les congés payés. Mais pour Korolev, inspecteur russe, 1936, c’est avant tout le début de la terreur stalinienne : purges, déportations en Sibérie et dénonciations étaient alors le quotidien des Soviétiques. William Ryan nous plonge dans un univers rude, sans pitié.
1936 : le corps atrocement mutilé d’une jeune femme est retrouvé dans une église. A l’inspecteur Korolev d’enquêter. Ancien soldat, Korolev a vécu la révolution, la Grande guerre, et la guerre civile. Désormais, il doit faire face à un régime totalitaire en pleine construction. Quand il apparaît que ce meurtre mystérieux a une dimension politique et que cette jeune femme est vraisemblablement occidentale, Korolev doit marcher sur des oeufs pour résoudre l’affaire…
Quel délice ! Excusez mon emphase, mais Le royaume des voleurs est, outre un roman policier, un récit historique tel que je les aime : le lecteur se retrouve plonger dans une URSS entre deux époques. La révolution est encore récente : elle n’a pas encore tout à fait vingt ans, et la guerre froide n’a pas encore commencé. Bienvenue donc dans la Russie de Staline, à l’époque des grands procès et des purges. Korolev est un pur produit du régime : on l’a persuadé que l’état soviétique rattrapera et dépassera bientôt l’Occident, et quand d’aventure il émet des doutes sur la véracité de cette affirmation, il se reprend instantanément, tant l’on se sent surveillé et traqué dans l’URSS des années 30. L’inspecteur a connu l’époque du Tsar et les remous de la révolution qui l’a forcé à renier sa religion et a laissé un pays au bord de la famine. Le Royaume des voleurs, c’est avant tout un roman historique dépeignant l’URSS entre deux époques, entre la guerre civile et la deuxième guerre mondiale, après les tsars, mais avant la guerre froide. Vous entr’apercevrez même Staline au fil des pages.
Évidemment, c’est également, et surtout, une intrigue policière : un meurtre atroce, des pistes à remonter, un acolyte jeune, enthousiaste et attachant. Korolev lui-même est quelqu’un que l’on prend beaucoup de plaisir à suivre dans ses aventures. Intègre, honnête et motivé, il n’est pas infaillible. C’est un de ces héros que l’on prendrait beaucoup de plaisir à retrouver dans une autre aventure. L’enquête en elle-même est particulièrement bien ficelée : il ne s’agit pas de n’importe quel assassinat. Rapidement, il s’avère qu’il y a des conséquences politiques : un membre du redouté NKVD pourrait être impliqué. Dans une société où corruption et dénonciation sont habituelles, on craint évidemment pour la vie de notre petit inspecteur, qu’il serait assez facile de réduire au silence en l’envoyant au goulag ! Une tension qui s’ajoute à l’enquête et aux morts que sème le meurtrier.
En somme, William Ryan nous offre un récit prenant, et bien écrit : ajoutez à l’intrigue bien ficelée une dimension politique et historique passionnante et des personnages agréables comme Korolev ou le jeune Vania, et le tour est joué ! Je remercie vivement Babelio, car sans eux, je n’aurais probablement jamais découvert cet auteur !
passes une bonne semaine!
bise
Effectivement, cet auteur était très bon. Sa disparition a ému toute la communauté littéraire.
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—> c’est le seul livre que j’ai pu lire de lui pour l’instant comme il était très court je ne peux pas encore le juger comme il le faut mais je pense bien lire un autre de ses roman
Ça donne très envie effectivement… je ne sais pas si j’aurai un jour le temps de le lire, mais je note, on ne sait jamais… Merci !
mon coucou du mardi
bise
ça m’intéresse! Je note!
Tu m’as totalement donné envie de le découvrir !
J’aime beaucoup les livres et intrigues qui se situent entre deux époques, pas dans la notre, et dans des pays que je ne connais pas… Et il a l’air d’en faire parti !
Merci d’être passée 🙂
bon début de semaine
bise du dimanche soir