SCIENCE-FICTION — Être toujours en lien avec l’être aimé, pouvoir sentir la moindre variation de son humeur, le moindre sentiment… bonne ou mauvaise idée ? Dans la réalité que connaît Briddey, c’est le nec plus ultra pour un couple follement amoureux, presque un passage obligé. Aussi, lorsque Trent, son petit ami (et collègue) depuis six semaines, lui propose de faire une AEC, une opération chirurgicale qui décuple l’empathie au sein du couple, la jeune femme accepte aussitôt. Mais elle se heurte à la curiosité déplacée de ses collègues et à l’hostilité de sa famille, particulièrement envahissante par ailleurs… Pire : l’intervention tourne mal, très mal puisque Briddey se réveille connectée non pas avec Trent… mais à C.B., son collègue très asocial, avec qui elle peut désormais communiquer par télépathie. Pour notre héroïne, les ennuis commencent !
Voilà un roman délicieusement actuel, qui explore de manière jouissive les travers de notre société en matière de relations romantiques et de communication de manière générale. Très vite, le lecteur se rend compte qu’il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark : Briddey n’a aucune intimité, aucun instant de répit. On l’interrompt tout le temps ! Ses collègues et sa famille empiètent constamment sur son espace vital et même chez elle, elle ne peut se cacher. Connie Willis montre cela avec beaucoup de doigté et le lecteur se sent véritablement oppressé au fil de sa lecture. Comme Briddey, le lecteur a l’impression de progresser en apnée tant les interventions de l’entourage de Briddey sont fréquentes et envahissantes ! Et Briddey est prête à laisser son petit ami décrypter à longueur de journée ses émotions, en plus de tout cela… L’amour boosté chirurgicalement parlant… le concept fait d’ailleurs froid dans le dos ! Tout comme la possibilité de pouvoir lire les pensées de son entourage ou qu’autrui puisse écouter nos pensées les plus intimes… Connie Willis joue avec des peurs très actuelles (qui n’a jamais eu l’impression qu’on sur-communiquait ?) et nous livre au passage une réflexion très juste sur notre monde moderne. À la fin de la lecture, on a comme des envies d’isolement et de misanthropie : vous êtes prévenus !
Alors, ça donne quoi, ce nouveau roman de Connie Willis ? Eh bien… on s’éclate, tout simplement ! C’est drôle, rythmé et parfois même touchant. La galerie de personnages est certes archétypale (le playboy manipulateur, le petit génie précoce, la mère abusive, le garçon gentil et timide qui s’avère aussi beau quand on le relooke…) mais efficace. Le lecteur voit d’emblée où l’auteure veut l’entraîner mais peu importe : on s’y laisse conduire avec bonheur. La romance est traitée tout en délicatesse et n’occulte pas le récit : elle est mignonne à souhait. On dévore littéralement les pages !
Voilà donc un bon roman avec lequel commencer l’année ! Mais attendez peut-être que les voeux de début janvier soient passés, vous aurez une sérieuse envie de débrancher votre téléphone après lecture, et ce n’est peut-être pas conseillé le 1er janvier…
Ah ah alors moi, justement, j’ai tendance à éteindre mon téléphone ou au moins le mettre en mode avion, le 1er janvier ^^
La paie est arrivée, ma dernière d’ailleurs, donc hop, je vais pouvoir me l’offrir ^^