De feu et de neige : l’invasion de Moscou vue par une ado

De feu et de neige, Anne-Marie Pol, Nathan,

ROMAN ADO — Si la littérature s’attache à décrire une période de l’histoire de la Russie, elle parle souvent de la révolution de 1917 ou de la guerre froide. Anne-Marie Pol a préféré s’intéresser à la campagne de Russie menée par notre Napoléon national, celle qui, souvenez-vous, a donné lieu à une terrible défaite. Mais avant la Bérézina, avant la fin de l’expansion napoléonienne, il y a eu l’invasion de Moscou.

Pour Félicité, seize ans, bien que française, Moscou est sa maison. Elle y vit auprès d’une famille d’aristocrates russes, et elle est éprise de leur fils, Fédor. Elle ose même croire qu’il l’épousera un jour. Mais la guerre s’immisce dans le quotidien et tout bascule.

C’est ce que l’auteure s’efforce de montrer : les rues moscovites à feu et à sang, les Français qui prennent leurs aises dans les villas huppées, et nos deux Françaises, mère et fille, déchirées entre deux loyautés. Car si Félicité est française et fille d’un officier napoléonien tombé à Rivoli, elle vit en Russie depuis plusieurs années et aime un Russe. La loyauté à l’un ou à l’autre des camps peut vous coûter la vie, Félicité oscille donc entre France et Russie pour sauver sa vie.

De feu et de neige, Anne-Marie Pol, Nathan,

Pour la précision historique, pour la description soigneuse d’un monde en péril, De feu et de neige se montre convaincant : ce roman jeunesse montre bien les tourments de la guerre, la période d’incertitude et de danger que vit notre jeune héroïne. Dommage cependant : on peine à s’attacher à elle et a son entourage. L’auteur l’a pourtant voulue proche du lecteur, intégrant des morceaux de son journal à la narration. Cependant, l’effet tombe un peu à plat et agace, par son style un peu trop ampoulé et l’insertion semble fort peu naturelle. Les jeunes filles de 1812 parlaient sans doute ainsi, mais le résultat déplaît. Difficile de mettre exactement le doigt sur ce qui cloche, mais au fil des pages, on se détache de l’histoire et on voit arriver la fin avec soulagement. Déjà parce qu’on sait qu’elle mettra fin au suspense numéro 1 du récit : Félicité vivra-t-elle une fin heureuse avec son amoureux russe ? Mais aussi parce qu’on commençait à avoir envie de la secouer méchamment… quant à la mère de Félicité, elle nous agaçait peut-être plus encore qu’elle n’énerve sa fille dans le récit, à toujours se référer aux troubles de la Révolution française. On a compris, qu’elle l’avait vécue… pour une fois, le lecteur et l’héroïne sont en osmose : la Terreur, on n’en peut plus !

En somme, voilà un roman historique original, grâce à son ancrage historique et géographique. Mais la lecture en a parfois été laborieuse, et il n’est pas certain qu’on en gardera le souvenir très longtemps…

De feu et de neige, Anne-Marie Pol. Nathan, février 2017.

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

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