SÉRIE — Vous n’y avez sans doute pas échappé : Netflix a encore frappé très fort avec sa dernière acquisition. Pour une fois, les honneurs vont à une série, non pas anglo-saxonne, mais espagnole. Diffusée pour la première fois en 2017 sur une chaîne télévisée hispanique, elle est ensuite arrivée sur la plateforme de streaming en décembre dernier. Si son lancement a été plutôt discret, la sortie de la deuxième (et dernière) saison a créé un fort engouement ces dernières semaines. Alors, verdict ?
Le pitch est plutôt simple et s’inscrit dans la lignée de plusieurs films très connus, comme Ocean’s Eleven. Vous l’aurez sans doute compris, l’intrigue est centrée sur un braquage. Mais pas n’importe quel braquage. Le Professeur — cerveau des opérations et leader charismatique — a en effet décidé de braquer la fabrique nationale de la monnaie et du timbre d’Espagne, afin d’imprimer ses propres billets. Pour ce faire, il va recruter une équipe de 8 malfaiteurs qu’il va longuement préparer : Tokyo, Rio, Nairobi, Berlin, Moscou, Helsinki, Oslo et Denver (tous affublés d’un pseudo pour garder leur identité secrète). Les 22 épisodes (au format Netflix, qui a décidé de plutôt suivre un découpage de 42 minutes) vont alors nous permettre de suivre le déroulé du braquage et de la prise d’otage qui s’ensuit. Le Professeur reste quant à lui à l’extérieur pour mieux diriger les opérations et interagir avec Raquel Murillo, l’inspectrice en charge des négociations. Et le téléspectateur va vite découvrir qu’absolument rien n’a été laissé au hasard.
Alors oui, ce n’est pas parfait et d’aucuns diront que le scénario est inégal, voire hautement improbable, mais quel plaisir de se laisser porter par les rebondissements ! Le format, au final assez court pour une série, est propice à un rythme échevelé et permet d’approfondir chacun des personnages sans pour autant se lasser. Si chacun des malfrats est a priori là pour un aspect bien précis de sa personnalité ou de ses compétences (type hacker ou armoire à glace), ils se révèlent tous beaucoup plus complexes qu’il n’y paraissait dans l’épisode pilote, des séries de flash-back venant peu à peu éclairer leurs motivations intimes, les faisant ainsi gagner en profondeur. Le duel entre le Professeur et la police n’est d’ailleurs pas sans rappeler le manga Death Note : la même finesse d’esprit des personnages principaux, le même type de partie d’échecs entre le malfaiteur et le représentant de la loi. Que ce soit le Professeur ou L, ces deux génies ont tout prévu et semblent avoir toujours au moins un coup d’avance.
Les réflexions amenées par la série sont aussi fort pertinentes. Les braqueurs se posent notamment en justiciers indignés, sortes de Robin des bois des temps modernes, qui ne léseront personne puisque l’argent qu’ils vont voler n’a même pas encore été mis en circulation. Leur but est donc — au moins en partie — de rallier l’opinion publique à leur cause et de provoquer une sorte de révolte sociale : ces idéaux sont également renforcés par les costumes choisis par les braqueurs, qui ne sont pas sans rappeler les masques des Anonymous. Enfin, les sommes d’argent évoquées dans la série semblent dénoncer la vanité et la vacuité de notre société actuelle et de la finance internationale. Cette impression est confortée par le choix de la chanson entonnée par les braqueurs à plusieurs reprise dans la série, à savoir Bella Ciao : il s’agit d’un chant partisan italien, né dans les communautés antifascistes et qui est, par extension, devenu un symbole des révolutions sociales.
En bref, Netflix nous offre là une série complètement addictive qui ne devrait laisser personne indifférent. Un rythme échevelé, des cliffhangers maîtrisés, une bande son dynamique, entêtante et engagée : vous pouvez vous lancer dans le premier épisode les yeux fermés. Attention cependant, il vous faudra prévoir quelques créneaux pour enchaîner les épisodes suivants à votre aise !
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