YOUNG ADULT — À la lecture du pitch du roman de Laura Sebastian, j’ai tout de suite pensé à la trilogie du Tearling, que j’aime beaucoup, et j’avais peur qu’Ash Princess n’en soit qu’une redite, un peu comme quand on a lu Journal d’un vampire et Twilight… On s’en sort avec un goût amer de déjà-lu. Mais Ash Princess a finalement été une très bonne découverte, qui m’a plus rappelée The Curse que les romans d’Erika Johansen. Comme quoi, il y a toujours de belles surprises…
De quoi ça parle, concrètement ? Ash Princess, la princesse de cendres, c’est Theodosia. Née dans un archipel pacifiste, peuplé d’artistes et de magiciens, la jeune fille devait hériter d’un royaume en paix. Mais les Kalovaxiens ont envahi sa patrie, égorgé sa mère et fait de sa vie un enfer. Depuis qu’elle a six ans, Theodosia, rebaptisée Lady Thora, vit donc à la cour du Kaiser, son ennemi suprême. Dès que son peuple manifeste la moindre velléité de rébellion, le Kaiser la fait fouetter publiquement, encore et encore. Il a veillé à détruire en elle la moindre étincelle de révolte, lui ôtant son titre, sa langue, sa culture… jusqu’à son nom. Au début du roman, l’héroïne a dix-sept ans. Elle a appris à baisser les yeux, à se faire toute petite, à répéter les mêmes serments d’allégeance encore et encore. Sa vie bascule lorsque deux fantômes de son passé resurgissent… Alors, telle le phoenix, Theodosia pourra peut-être renaître…
On trouve, comme dans la plupart des romans young-adult à tendance fantasy, des grands thèmes récurrents : une héroïne qui se révèle, de la magie, la vie de cours en milieu hostile, le triangle amoureux usé jusqu’à la corde, la révolte, le déchirement entre deux loyautés (cœur et devoir, le tandem habituel), l’espionnage, jusqu’au stéréotype de la meilleure amie de l’héroïne, charmante potiche en apparence. Rien de nouveau sous le soleil, à priori et pourtant, le mélange prend étonnamment bien, car Laura Sebastian ose des choses que de nombreux auteurs jeunesse ne se permettent pas. Ainsi, Theodosia est probablement plus froide et plus dure, elle est capable de tuer (mais pas trop, hein, restons dans le domaine de la jeunesse. Face à un dilemme digne de The Book of Ivy, elle ne surprendra personne par ses choix…). Effectivement, Laura Sebastian ne ménage sûrement pas son héroïne et les âmes sensibles seront peut-être choquées d’apprendre que le roman compte une scène très dure, qui s’apparente à de la torture. Du côté du célèbre triangle amoureux, si le stratagème est éculé et qu’on le voit arriver avec ses gros sabots, il parvient, ô exploit, à ne pas agacer. Le lecteur, de fait, hésite lui aussi entre les deux personnages qui font battre le cœur de l’héroïne… Cela revient finalement à réfléchir à deux manières, pour Theodosia, de changer les choses : tout détruire pour reconstruire, ou, à force de patience et de l’intérieur, changer les choses. Au lecteur de décider ce qu’il préfère ! Theodosia apprendra que ses ennemis ne sont pas si manichéens que ça… sauf le Kaiser, évidemment. Grand méchant du livre, il brille par sa stupidité et sa cruauté : un peu de subtilité ne lui aurait pas fait de mal. À l’inverse, son fils, sans surprise un des intérêts amoureux de l’héroïne, montre des failles intéressantes : il y a fort à parier que l’auteure se chargera de les creuser dans les tomes à venir.
Quant au reste, ma foi, c’est de la politique et de l’aventure, avec des combats, des passages secrets et du suspense : du divertissement, en réalité, mené d’une main de maître. On se surprend à tourner les pages avec l’impatience que l’on éprouve quand on binge-watch une série à la mode. Et comme lorsque l’on mate une série, on se surprend à soupirer quand l’histoire vient à se terminer : car oui, il faudra désormais attendre la suite. Qu’on est très curieux de découvrir.
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