FANTASY URBAINE — Rebecca Roanhorse est une autrice américaine, dont les premiers écrits ont fait grand bruit. En effet, elle a reçu en 2017 le prix Nebula de la nouvelle courte ; en 2019 le prix Locus du meilleur premier roman avec La Piste des éclairs, fraîchement traduit en français et dont on parle aujourd’hui !
Quelques années avant le début de ce roman, les Grandes Eaux ont englouti la majeure partie du monde. Sauf Dinétah, l’ancienne réserve navajo, qui souffre d’une abominable sécheresse. Sur cette terre, les légendes ont repris vie : les dieux, les héros… mais aussi les monstres.
Maggie Hoskie est justement une chasseuse de monstres, elle-même dotée de talents surnaturels qui terrifient ses congénères. Sa dernière affaire et la façon sanglante dont elle l’a soldée n’arrangent d’ailleurs guère sa réputation. Or, voilà qu’il s’avère que ce déplaisant événement n’est qu’une infime partie d’un terrifiant puzzle à résoudre dans les plus brefs délais : quelqu’un, quelque part, s’amuse à créer des monstres humanoïdes (assez semblables à des zombies) et qui terrorisent la population. Il devient donc urgent de trouver celui ou celle qui use de magie noire dans la réserve… À contrecœur, Maggie la solitaire est donc forcée de collaborer avec Kai Arviso, un homme-médecine aux méthodes peu conventionnelles. Ensemble, ils sillonnent la réserve en ébullition, font le jour sur les vieilles légendes, ont des fréquentations plus que louches et enquêtent sur la magie noire insidieuse qui pollue les lieux.
La première chose qui frappe lorsque l’on ouvre ce roman, c’est l’univers dans lequel il se déroule. On est indéniablement dans de la fantasy urbaine, puisque nos personnages manient jeeps et gros flingues, tout en traitant avec les divinités navajos et autres entités clairement magiques. Or, tout cela se déroule également dans un univers aride, très clairement post-apocalyptique, dévasté par des catastrophes climatiques. L’intrigue fait donc intervenir des préoccupations certes terre-à-terre, mais parfaites dans le contexte : ainsi est-il régulièrement question des pénuries d’eau, ou de l’utilisation de whisky pur malt dans le réservoir de la jeep – au grand dam de certains personnages.
Réserve navajo oblige, le roman fait la part belle aux rites traditionnels, tout comme au vocabulaire navajo, dont l’orthographe peut parfois sembler hermétique – mais pas de panique, il y a un glossaire très complet en fin de roman.
L’intrigue, de son côté, suit un cours assez classique : les péripéties s’enchaînent à bon train, les personnages se battent contre une foule d’adversaires plus remontés que jamais, des traîtrises se révèlent tandis que des alliés inattendus apparaissent. Rien de très neuf sous le soleil, donc, mais heureusement, l’univers dans lequel se déroule l’intrigue rend tout cela très prenant ! Le récit fait également un petit détour par la case romance, sans toutefois en faire le principal intérêt du roman, ce qui est bien appréciable !
En bref, voilà une très bonne découverte au rayon fantasy urbaine, qui change agréablement des récits entièrement centrés sur la romance paranormale. Enquête, magie noire et rites navajos, le dépaysement est au rendez-vous. Et pour les plus impatients, le tome 2 est déjà paru en langue originale !
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