Leurs noms ont marqué notre histoire et sont connus de tous. Les trois grands fauves, ce sont Danton, le révolutionnaire, Victor Hugo l’auteur avide de sensations, et Winston Churchill, le héros de la deuxième guerre mondiale. Ils n’ont pas été tous contemporains, et n’ont pas de lien apparent…si ce n’est qu’à l’enfance, ils ont tous trois triomphé de la mort, ce qui les a rendu plus forts, plus belliqueux, immortels, enfin, dans la mémoire collective. Hugo Boris s’essaie à la biographie, mais de manière peu commune, beaucoup plus vivante que les récits austères de la vie de grands hommes. Il sélectionne des morceaux de vie, des étapes narrées brièvement, façonnant en quelques lignes la personnalité de ces trois sacrés personnages. Le talent d’Hugo Boris réside dans le choix soigné de ces anecdotes, et dans la lumière qu’il décide de jeter sur ses personnages. Danton, le révolutionnaire, apparait humain, saisi dans son deuil après le décès de sa femme. Sa vie semble bien courte, narrée par épisodes, jusqu’aux évènements sanglants de la révolution française, qui le virent succomber sur l’échafaud. La Terreur porte bien son nom : le lecteur sent au fond de lui l’exaltation et la peur mêlées propres à la période.
Né moins de dix ans après la mort de Danton, Victor Hugo apparaît comme un homme avide, qui aime jouir de tout, de l’écriture, des femmes, de sa renommée. Hugo Boris se concentre sur la vie d’adulte de Victor, sur son deuil après la mort de sa fille Léopoldine, et son impuissance face à la folie croissante de sa fille Adèle : si le premier drame de Victor Hugo est très connu de ses lecteurs (qui n’a pas lu « Demain dès l’aube » ?!), le second est moins présent à l’esprit des lecteurs. L’aimable grand-père que l’on a tous connu, car les portraits que l’on conserve du grand homme le montre souvent joufflu et barbu comme un père noël sympathique, se transforme au fil du récit en un ogre avide de chair fraîche, en un jouisseur invétéré, à l’appétit sexuel sans fin, même à quatre-vingt ans passés.
Enfin, Churchill entre en scène : Hugo Boris décrit un jeune homme enthousiaste, avide d’aventures, prêt à tout pour que son père soit fier de lui. L’auteur le rend plus humain, et nous dévoile quel homme se cache derrière la carapace de ce célèbre homme politique britannique.
Hugo Boris parvient à donner vie à ces grands hommes et produit un récit vif et bien tourné, où l’ennui n’a jamais sa place. Nous n’avons qu’une envie, qu’Hugo Boris s’attaque à d’autres personnages historiques !
Trois grands fauves, Hugo Boris. Belfond, 2013.
Par Emily Vaquié
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