LIVRES — Petit tour d’horizon des dernières lectures d’Emily, qui profite du confinement et de son congé maternité pour dézinguer sa pile à lire… Et vous, que lisez-vous ?
Mariage à l’indienne, Kavita Daswani / temps passé dans la PAL : au moins 7 ans
De quoi ça parle ? Anju a une petite trentaine d’années et occupe un poste prestigieux dans les relations presses liées à la mode à New York. Sa vie, elle le dit elle-même : c’est Sex and the City sans le sexe, mais avec le glamour, les belles fringues et les Cosmo. Seulement voilà. Anju est d’origine indienne et depuis qu’elle est gamine, on lui a appris qu’il fallait qu’elle se marie, le plus tôt sera le mieux. Voici donc le récit de la quête matrimoniale de la jeune femme, entre Bombay et New York.
C’est bien ? Ça se lit avec beaucoup de plaisir, c’est une lecture garantie sans prise de tête. Pourtant, ce n’est pas qu’un roman de chick lit. C’est un récit plus profond qu’il n’y paraît, qui évoque la longue tradition matrimoniale en Inde, la pression sur les jeunes femmes et leurs mères, et une autre conception du mariage et de l’amour.
On aime pour… les descriptions très imagées et dépaysantes des mariages indiens, la personnalité attachante de l’héroïne, sa quête d’indépendance (relative, certes, mais qui a le mérite d’exister), le décalage entre le mode de vie à l’indienne et le trépidant quotidien new-yorkais.
D’autres romans voisins : Madison Square Park, Les Jeunes Mariés,
Les informations : Mariage à l’indienne, Kavita Daswani. Le livre de poche, 2003. Traduit de l’anglais par Pascale Michon.
Des nouvelles du monde, Paulette Jiles / Temps passé dans la PAL : un an
De quoi ça parle ? À l’hiver 1870, le capitaine Kidd sillonne le Texas pour lire les journaux du monde entier à toute une population reculée avide de nouvelles d’ailleurs. On lui confie une petite fille de dix ans, autrefois enlevée par les Indiens, qui se sent comme telle, qu’il doit emmener chez ses parents à l’autre bout de l’état. Le roman conte leur périple, entre fusillades et apprivoisement mutuel.
C’est bien ? C’est un récit pour les amateurs de littérature américaine, qui aiment les descriptions de paysages sauvages, et qui s’intéressent à la dimension historique de la vie au Texas en 1870. Les autres s’ennuieront peut-être, le rythme étant assez lent.
On aime pour… La personnalité du personnage principal, ancien soldat un peu bourru, profondément honnête et foncièrement bienveillant, fait tout le sel de ce roman résolument touchant. Sa relation avec Johanna, petite fille deux fois arrachée à sa vie (lors de son kidnapping par les Indiens, puis lors de sa recapture par les Américains) se développe avec beaucoup de justesse et d’émotion. Il y a beaucoup de psychologie dans ce roman étonnamment doux, alors qu’il aborde des thématiques très dures…
Les informations : Des nouvelles du monde, Paulette Jiles. Folio, 2019. Traduit de l’anglais par Jean Esch.
L’Écho du temps, Kevin Powers / Temps passé dans la PAL : 5 mois
De quoi ça parle ? Que s’est-il passé à la plantation Beauvais, dans le Vieux Sud, à la fin de la guerre de Sécession ? Un incendie a ravagé les lieux, une femme a disparu. En parallèle, nous suivons un vieil homme, George Seldom, en quête de ses origines, bien des années plus tard.
C’est bien ? Formidablement bien écrit, L’Écho du temps est pourtant de ces romans pour lesquels on ne se passionne pas tout à fait. Les atouts sont pourtant nombreux : des personnages bien brossés, un destin tragique, une peinture réaliste des horreurs du conflit qui a ravagé les USA dans les années 1860. C’est un très bon roman, mais ce n’est pas un page-turner.
On aime pour… cette langueur propre au Vieux Sud, pour la description à la fois précise et terrible de la réalité de la guerre de Sécession, pour la personnalité ambivalente d’Emily Reid Levallois, pour l’alternance entre les différents fils de l’histoire.
D’autres romans voisins : Après l’incendie
Les informations : L’Écho du temps, Kevin Powers. Delcourt, 2019. Traduit de l’anglais par Carole d’Yvoire.
Mécanique de la chute, Seth Greenland / Temps passé dans la PAL : 5 mois
De quoi ça parle ? Jay Gladstone est un homme d’affaires à succès. Il a fait fructifié l’empire financier familial, et aujourd’hui, caresse le rêve de devenir ambassadeur américain en Allemagne. En attendant, il s’est offert une équipe de basket professionnelle. Tout semble aller pour le mieux… jusqu’à ce que tout parte en cacahuète.
C’est bien ? Mécanique de la chute est à 2012 c’est que Le Bûcher des vanités est aux années 80 : un roman décortiquant avec précision et justesse les travers de son époque, à travers le prisme des nantis new-yorkais subitement jetés à bas de leur piédestal. Savoureux.
On aime pour… l’analyse pertinente et piquante du climat politique aux États-Unis en 2012, à l’aube du second mandat d’Obama, la manière dont tout part en vrille pour notre héros, pris dans une spirale destructrice, la manière dont l’auteur mêle conflits raciaux, dimension politique et religieuse, sports et politique dans un roman très complet et dense.
D’autres romans voisins : Le Bûcher des vanités, Park Avenue,
Les informations : Mécanique de la chute, Seth Greenland. Liana Levi, 2019. Traduit de l’anglais par Jean Esch.
Un peu moins de services de presse chez moi depuis quelque temps, pas forcément à cause du coronavirus. Du coup, je dézingue aussi ma pile à lire – qui devrait cependant survivre à la période de crise sanitaire.
En ce moment, une lecture captivante pour moi: « Postures littéraires » de Jérôme Meizoz, sur la manière dont les écrivains se mettent en scène, se présentent, etc.
Bonnes lectures à toi!