NEW-YORK — Un couple improbable, et pourtant fusionnel : lui, issu d’une prestigieuse lignée, elle vêtue d’une fourrure blanche râpée troquée contre des chips. On les retrouve dans un motel du Wyoming. Elle braque un fusil sur lui. Comment en est-on arrivé là ?
Revisitant le mythe ô combien connu des amants que tout oppose, La Fourrure blanche nous présente Jamey, riche héritier et Elise, venue du guetto. Le hasard les a faits voisins, puis Elise force les choses en l’invitant au restaurant. Une première mise en bouche dans une ruelle, et les voilà amants. Au début, ils n’ont rien en commun, si ce n’est une fascination évidente pour le corps de l’autre. Puis, cela se mue en vraie passion.
Nous sommes à la fin des années 80, et cet angle temporel est intéressant : ici, pas de réseaux sociaux intrusifs… les seules entraves à l’idylle des personnages sont physiques, quand des membres de l’entourage de Jamey font tout pour séparer les amants. Étonnant comme ce couple finit par nous être attachants, quand tout est fait pour qu’il nous soit antipathique. Elle est décrite comme ignorante, volontiers ahurie, brusque. Elle apparaît comme peu féminine, pas élégante, revêche. Lui brille par son manque de volonté, par son apathie. Il se laisse porter. Puis le regard du lecteur change. Et le couple évolue, contre vents et marées, dans les villas des riches WASP de la côte est, dans les rues de New York, dans un car qui sillonne l’Amérique…
C’est un roman qui intéresse, par la description de cette idylle peu commune, mais aussi pour la confrontation, manichéenne certes, entre deux visions de l’Amérique : celle du capital et des écoles privées, des lofts new-yorkais et des bals de débutantes, face à celle des quartiers défavorisés, des casiers judiciaires et des trafics de drogue. On aime tout particulièrement la partie du roman qui se passe à New York : le récit donne vie aux rues de la métropole, au fil des promenades d’Elise et de son chien…
En somme, une lecture qui vaut le coup d’œil !
Soyez le premier à commenter