NEW YORK — Dans le New York des années 70, un père et son fils écument les rues à la recherche d’ornements en pierre à voler. De leur point de vue, ils préservent le patrimoine architectural de la ville, qui, en perpétuelle évolution, ne fait que peu de cas de tous ces trésors. L’occasion pour le père et le fils de se rapprocher.
Griffin, treize ans, n’a pas une vie très ordinaire. Il vit avec sa mère dans une bicoque new-yorkaise, avec des locataires tous plus allumés les uns que les autres et son père trempe dans des magouilles pas très nettes sous couvert d’une honnête entreprise de vente d’antiquités. Bientôt, Griffin rejoint son équipe : il découvre que son père dépouille les façades de la ville de leurs gargouilles et médaillons de façade…
Véritable ode à l’architecture new-yorkaise, Les Chasseurs de gargouilles décrit avec beaucoup de cœur et d’allant les spécificités d’une ville en perpétuelle évolution, où s’affrontent le génie des plus grands constructeurs de leur époque. New York est une ville composite, aux multiples visages, qui se révèlent au fil des virées de Griffin et de son père, à qui n’échappe pas quelques belles tirades sur l’importance de la sauvegarde d’un tel patrimoine. Mi voleur, mi conservateur d’un musée à ciel ouvert, le père de Griffin est une personnalité troublante mais fascinante, instable, jusqu’à en tutoyer la folie. Griffin admire cette figure paternelle pas comme les autres, même si son père le met en danger, lui fait faire des choses illégales, et met en danger sa première relation avec une fille.
Car Griffin, c’est aussi un adolescent, qui découvre les premiers émois, qui cumule les bêtises, et se fait son petit chemin dans la vie. Il n’est pas sans rappeler d’autres héros adolescents, comme Holden Caulfield ou Rainey Royal. Il est joyeusement insolent, ivre d’expériences et de bêtises, peu à peu absorbé par l’obsession paternelle. Comment ne pas l’être, face à un tel enthousiasme, face à une filiation aussi évidente, aussi envahissante ? Pourtant, quand il le faudra, Griffin saura couper le cordon, regagner le territoire rassurant de la vie réelle, en opposition au royaume fantasmé par son père…
Malgré ses nombreuses qualités, son amour vibrant pour l’architecture et pour New York, son portrait d’adolescent convaincant, on reste cependant en marge du récit. Il y a parfois des rencontres qui, bien qu’évidentes de prime abord, ne se font pas, tout simplement, et il est alors malaisé de dire pourquoi exactement. Nous sommes ici pleinement dans ce cas. Je reconnais à ce roman énormément de qualités objectives… mais je n’ai pas su rentrer dedans. Dommage.
Soyez le premier à commenter