Un roman troublant : Les Visages

Les Visages, Jesse Kellerman

THRILLER — Papa et Maman sont auteurs. Le fiston veut écrire. Qu’est-ce-que ça donne ? Jesse Kellerman publie en 2009 son premier roman, Les Visages (The Genius), qui devient rapidement un gros succès : meilleur thriller selon le New York Times, prix des lectrices de Elle 2010, du polar des lecteurs de Points en 2011… Alors, Les Visages est-il à la hauteur de sa réputation d’excellence ?

Les Visages nous conte l’histoire d’un marchand d’art, Ethan, avide d’argent et de reconnaissance, qui met la main un peu par hasard sur des dessins troublants, mais magnifiques. C’est l’œuvre d’un génie, sans aucun doute, mais d’un génie qui a disparu, laissant derrière lui l’oeuvre de toute une vie… Ethan expose donc ce mystérieux artiste : la critique est unanime, les dessins sont estimés à des sommes faramineuses. Tout va bien, jusqu’à ce qu’Ethan reçoive un coup de fil, de la part d’un ancien policier à la retraite, qui lui dit reconnaître sur les dessins les visage d’enfants assassinés dans les années 60.

Ceci n’est pas un thriller, pas vraiment en tout cas. Ne vous attendez pas à un rythme haletant, à des courses poursuites, à des prises en otages, ou que sais-je encore… Les Visages est plutôt un de ces livres mêlant présent et passé, à travers l’histoire d’Ethan Muller, héritier d’une très riche famille new-yorkaise, de ses aïeux et de Victor Cracke, cet artiste mystérieux dont personne ne sait rien. Ethan, riche et un brin arrogant, découvre par hasard l’œuvre monumentale de Victor, qui s’est volatilisé. Cette trouvailel sonne pour lui comme l’occasion de s’imposer sur la scène artistique comme un marchand d’art au goût sûr, et de se faire beaucoup, beaucoup d’argent. Cependant, lorsqu’il est contacté par un policier à la retraite, et qu’il découvre qu’au centre de la toile se trouvent les visages de cinq petits garçons tués des décennies auparavant, Ethan passe par plusieurs sentiments. Peut-on moralement exposer et donc, cautionner, le travail artistique d’un homme qu’il soupçonne être un meurtrier, mais également un violeur ?

Cependant, rien ne prouve la culpabilité de Victor Cracke, et Ethan ne sait toujours pas où l’artiste se cache, et s’il est toujours en vie. C’est tout l’enjeu de ce roman, qui surprend et plait, grâce à un style franc, et vif. Jesse Kellerman fourmille de bonnes idées, et sait bien les mettre en forme. On apprécie ses talents de conteur, lorsqu’il nous brosse l’histoire de la famille d’Ethan, et le ton qu’il parvient à donner à Ethan, dont l’évolution est quasiment palpable. Un très bon roman, qui se dévore sans qu’on puisse s’arrêter.

Les Visages, Jesse Kellerman. Points, 2011. Traduit de l’anglais par Julie Sibony.

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

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