ROMAN AMÉRICAIN — Les livres qui se passent dans des librairies ont le vent en poupe ! Si vous avez lu et aimé M. Pénombre, libraire ouvert jour et nuit, La Bibliothèque des cœurs cabossés ou encore L’histoire épatante de M. Fikry & autres trésors, vous devriez vous pencher sérieusement sur Le Cœur entre les pages.
Le Dragonfly est une petite librairie qui vend des livres d’occasion à Mountain View, bourgade de la Silicon Valley connue notamment pour héberger le siège social d’un moteur de recherche mondialement connu. Au Dragonfly, la moquette est élimée, les livres sont rangés au petit bonheur la chance et vous avez toutes les chances de vous faire attaquer par Grendel, le chat de la librairie. Mais on s’y sent bien, et on sait que Hugo, le jovial propriétaire, saura nous conseiller au mieux.
Depuis qu’elle a été licenciée de la start-up où elle travaillait, Maggie est un peu perdue et passe ses journées au Dragonfly. Sa vie bascule le jour où son meilleur ami, l’excentrique Dizzy, lui glisse entre les mains une vieille édition de L’Amant de Lady Chatterley où elle découvre une mystérieuse correspondance amoureuse…
Le Cœur entre les pages est indéniablement un roman à destination des amoureux de la littérature et des librairies. Shelly King fait du Dragonfly une librairie douillette, où il fait bon vivre en jouant sur les codes de la librairie idéale : les fauteuils cosy, le chat qui hante les rayons, les éditions anciennes qui dorment sur leurs étagères, le libraire passionné et sympathique. Elle crée de surcroît une vraie vie de quartier en donnant vie aux commerces voisins. Le lecteur s’y croit, et se voit déjà partir en virée au Dragonfly et aider Maggie à prendre sa vie en main. Maggie se sent investie d’une mission : redresser le Dragonfly. Se dessine alors en filigrane le combat des petites librairies contre les géants du secteur…
Servi par une galerie de personnages tous plus attachants les uns que les autres, Le Coeur entre les pages aborde également le désarroi des travailleurs de la Silicon Valley, à l’instabilité professionnelle notoire. Maggie peine à se remettre de son licenciement, d’autant qu’elle a contribué à lancer l’entreprise qui vient de mettre fin à son contrat. Ses économies s’amenuisent, et sa mère la tanne pour qu’elle rentre sur la côte est « se ranger ». A côté, le Dragonfly fait office de point d’ancrage, de petite parenthèse dans un monde où consulter LinkedIn est devenu la première chose à faire en se réveillant.
Le Cœur entre les pages est indéniablement un vrai roman feel-good, que l’on quitte à regret et qui nous donne envie de partir en virée en librairie sans plus attendre.
Le Cœur entre les pages, Shelly King. Préludes, 2015. Traduit de l’anglais par Pascale Haas.
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