THRILLER — En regardant des séries américaines, vous avez sans doute bavé un jour devant ces maisons pharaoniques, surplombant des lacs aux eaux profondes, dotées chacune d’un débarcadère personnel et incitant à se déplacer en bateau. Mais entre la série dans ce cadre idyllique qui tourne au cauchemar (Ozark pour ne pas la nommer) et le roman dont on parle aujourd’hui, il y a de quoi changer d’avis sur ces endroits !
A Lake Crosby, en Caroline du Nord, tout le monde se connaît. Un lac, quatre pâtés de maisons, des petites habitudes, et des familles bien ancrées. Dans le voisinage, les ragots vont bon train sur le récent mariage de Charlotte, jeune femme sans le sou issue des bas-fonds locaux, et Paul, riche veuf qui tire sa fortune de sa défunte épouse, plus que de son cabinet d’architecte design. Mais qu’importe : Charlotte et Paul n’ont que faire des mauvaises langues, et s’apprêtent à accueillir leur premier enfant ! Leur petite routine bascule le jour où le cadavre d’une femme est retrouvé dans le lac, devant chez eux. A l’endroit précis où s’était noyée la première épouse de Paul. Cette femme, Charlie le sait, n’est pas une inconnue : pourquoi son mari prétend-il le contraire ? Pourquoi part-il en randonnée pile après la découverte du cadavre ? Quels sombres secrets cache-t-il ?
Si vous aimez les secrets, vous serez servi, tant il semble que chacun cache quelque chose dans son passé. Du côté de Paul, c’est le mystère autour du décès de son épouse (pour lequel il a été soupçonné !), qui semble se répéter avec celui de cette inconnue. Si cet aspect semble relever du classique en thriller, c’est du côté de Charlie que l’on trouve de quoi se mettre sous la dent. La jeune femme n’a rien à cacher de son passé, car tout le monde semble savoir qui elle est et d’où elle vient : une gosse trop vite grandie dans le parc à caravanes local, entre sa mère toxico et des voisins pas toujours recommandables. Au point que Charlie a fait toutes les démarches pour changer de prénom et passer au très chic Charlotte, censé faire oublier ses origines – ce qui, dans un environnement aussi malsain que celui de la station balnéaire, est tout à fait impossible.
Le roman alterne les chapitres se déroulant dans le présent, où l’on suit Charlotte qui se débat avec ses problèmes familiaux (et l’encombrant cadavre sur les bras), et le passé. Or, celui-ci vient évidemment éclairer les événements en cours. Si les secrets enfouis ne sont guère difficiles à percer, l’intrigue reste malgré tout prenante grâce à l’alternance des fils narratifs et au style fluide de l’autrice.
Mais finalement, c’est pour les thématiques amenées par le récit que l’on se passionne. Il est beaucoup question d’amitié, d’amour et de schémas familiaux pas toujours fonctionnels dans ce récit. Ce qui fait qu’au fil des pages, on se passionne presque plus pour ces aspects que pour l’enquête – qui n’est pourtant pas délaissée. Et si tous les personnages ne sont pas creusés de la même façon, Charlie, qui porte le récit, les éclipse tous.
Avec L’inconnue du lac, Kimberly Belle signe un thriller domestique assez classique du point de vue de l’intrigue, mais qui sort des sentiers battus du genre avec des thématiques intéressantes et bien développées. On apprécie notamment la fin très symbolique et parfaitement amenée !
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