YOUNG ADULT — Ça y est ! Tout auréolé de son succès outre-Atlantique, Cemetery Boys est enfin disponible en français. Nous attendions beaucoup de ce roman fleurant bon la magie noire… Peut-être un peu trop pour être pleinement satisfaits.
Cemetery Boys met en scène un sorcier trans qui brûle de prouver à sa famille qu’il possède bien les pouvoirs de son genre, afin d’asseoir une bonne fois pour toutes son identité aux yeux de ses proches. Dans sa famille, en effet, les femmes ont le pouvoir de guérison, et les hommes d’invoquer les esprits. En voulant prouver sa valeur et aider à chercher son cousin porté disparu, Yadriel ramène par mégarde un autre esprit disparu : Julian. Tête brûlée et mauvaise tête, Julian va faire des étincelles aux côtés de Yadriel…
Réaction globale : meh. Cela aurait pu être si bien de s’immerger jusqu’au cou dans la culture latinx, dans le monde des esprits et de la magie ! Malheureusement, un obstacle de taille est apparu très vite, m’empêchant de rentrer pleinement dans le récit : Yadriel lui-même. Terriblement égocentrique, Yadriel est prêt à tout pour servir ses objectifs : son cousin a disparu, et tous savent qu’il est mort. Yadriel ? Le jeune garçon y voit surtout la possibilité d’enfin prouver sa valeur. Alors que les adultes sont stressés et endeuillés et se coordonnent pour trouver le disparu, Yadriel, lui, ne pense qu’à leur prendre la tête pour pouvoir rejoindre les recherches, plus pour faire acte de bravoure et montrer qu’il est un brujo plutôt que par réelle inquiétude pour le cousin décédé. Bien vite, une nouvelle quête interpelle d’ailleurs l’adolescent : le cas Julian.
Julian est un personnage plus plaisant, avec ses fautes de langue, sa désinvolture et son côté gentil bad boy. Maritza, jeune bruja à la répartie cinglante, complète le trio : malheureusement, elle n’a pas beaucoup de personnalité et la force vive du trio s’avère bien rapidement un simple duo, puisqu’entre Yadriel et Julian se nouent très rapidement (trop rapidement) des sentiments amoureux. Au bout de 48h à se côtoyer, ceux-là en sont déjà aux émois éternels…
Si le roman m’a déplu par ses personnages, on apprécie la plongée au coeur de la culture latinx : cuisine, langue, us et coutumes… Aiden Thomas s’est servi de tout ce background comme socle pour son système magique. On pourrait chipoter en disant que le fait de pouvoir guérir facilite quand même beaucoup les choses, en terme de deus ex machina bien pratique, ça se pose là. Mais le rapport à la mort, aux défunts, aux célébrations liés à ce rite de passage, à la foi, tout cela s’avère intéressant. La deuxième partie s’emballe et passionne un peu plus le lecteur, jusqu’à une fin un peu téléphonée, au happy end trop prévisible.
Bien sûr, c’est aussi un roman qui aborde la transidentité avec justesse : avec Yadriel qui brûle de prouver son appartenance aux brujos, c’est bien évidemment un thème central du récit. Se faire accepter, la question du passing, du coming-out sont au coeur de ce roman initiatique.
Avis globalement très mitigé sur ce roman pourtant si prometteur : les personnages forment à mon sens le gros point noir d’un récit par ailleurs plutôt efficace, malgré une fin qui suscite des sentiments ambigus. Dommage.
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