MYTHOLOGIE ET FÉMINISME — La mythologie, comme l’Histoire, est très masculine : les hommes y sont des héros, les femmes, elles, y sont juste belles, folles ou désespérées, réifiées ou victimisées . Elles n’y occupent jamais le rôle de premier plan, quand bien même une guerre éclate en leur nom. Nadège Da Rocha, dans son roman Quelqu’un se souviendra de nous, renverse la tendance et donne enfin aux femmes de la mythologie la place qu’elles méritent.
C’est une histoire de vengeance, et de femmes qui s’affirment et s’allient pour renverser l’Olympe, ni plus ni moins : Pandore prévoit de tuer Zeus. Pour se faire, elle a besoin d’aide. Son chemin croise celui de la célèbre Méduse et de la craintive Arachné… Ces trois femmes peuvent-elles mettre fin à des siècles de patriarcat divin ?
Passé un début qui nécessite de prendre ses marques avec notamment beaucoup, beaucoup de noms, le lecteur est happé par ce récit riche en rebondissements, qui revisite avec brio et modernité la mythologie grecque. L’Enfer, l’Olympe, l’île de Circé… Zeus, Héra, Artémis, Hadès, Perséphone, Ariane, Hélène de Troie… Les lieux et personnages connus défilent, sans jamais lasser le lecteur. Nadège Da Rocha, en effet, apporte de petites touches d’originalité ici et là qui empêche tout sentiment de déjà-vu. Et c’est bienvenu ! Le récit est bien sûr éminemment féministe, et même, osons-le, jouissif : quelle joie de voir certains des dieux grecs les plus puissants, connus pour leur lubricité et leurs abus de pouvoir, recevoir leur juste châtiment ! Le roman est sensible, et prône le droit à être soi-même, à s’aimer, et à aimer qui ont veut : un message salutaire et universel…
Vengeance, solidarité féminine et justice sont donc au coeur de ce récit qui mêle avec talent antiquité et modernité, et se montre très efficace dans son écriture et sa réalisation.
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