Dieu en soit garde : récit d’une enfance turbulente à Reims

Dieu en soit garde, c’est la devise de Reims, la ville où l’auteur a grandi. A l’âge mûr, Aïssa Lacheb part sur les traces de son enfance, à vélo, replongeant dans les années 70, redécouvrant les hauts lieux de sa jeunesse turbulente. La capitale de la Champagne a beau être prestigieuse, Aïssa Lacheb nous entraîne dans une ville grise, dans les cités, dans les petites épiceries de quartier où, avec ses amis, il chaparde et fait tourner en bourrique « Giscard », l’épicier qui ressemble tant au président en poste. C’est l’envers du décor.

Aïssa Lacheb ouvre son récit sur un souvenir terrible, la défenestration d’une de ses voisines. C’est ça, la vie dans sa cité. La mort devient triviale. L’école n’est plus vraiment obligatoire. Avec sa tribu, il erre dans les rues, cambriole, insulte, se bagarre. C’est le récit d’une enfance, puis d’une adolescence de petits méfaits, de désœuvrement, de déceptions. Le narrateur est sur l’autoroute du crime, direction la prison. Il ne se pose pas la question de savoir si ce qu’il fait est bien, ou mal, ou de savoir la tristesse et la colère qu’il peut causer aux autres. Les scènes de dispute entre amis et les bêtises commises par ennui sont parfois répétitives, les personnages peinent à se caractériser pleinement, pourtant le texte d’Aïssa Lacheb sonne juste et fort. Il montre la banalisation de la violence, du crime, la lente escalade vers le point de non-retour, et la prison.

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C’est un roman initiatique pas comme les autres, et une ode à Reims, à cette ville à l’histoire millénaire, cette cathédrale si emblématique qu’elle orne même la couverture du livre. Si Aïssa enfant se moquait de cette histoire riche et passionnante, l’adulte, lui, ne l’ignore pas, et écrit de belles pages sur cette ville tantôt grise et laide, tantôt grande par son histoire.  Ce récit introspectif montre la trajectoire d’un adolescent un peu perdu, sans personne pour le guider, entraîné par les circonstances.

Dieu en soit garde, Aïssa Lacheb. Au diable vauvert, février 2014. 

Photo :  © Remi WAFFLART

Par Emily Vaquié

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

1 Commentaire

  1. Un peu sommaire, cette présentation, mais plutôt juste. Quant à la caractérisation plutôt sommaire des protagonistes (hors l’auteur), il faut considérer que :
    • il en fait ainsi des archétypes ;
    • pas sûr que ces personnages, réels, ou leurs proches, aient tellement apprécié qu’ils soient reconnaissables.
    Par ailleurs, votre appréciation sur le ressenti est à la fois vraie et fausse : le narrateur (Aïssa L., car c’est une une autobiographie) se préoccupe peu de ce que peut ressentir le commerçant de La Rafale (centre commercial) mais très fort de ce que subissent les lycéens ou étudiants rackettés (par ses copains, lui s’abstenant).
    Enfin, je crois qu’il fut guidé par l’amour que lui portent sa famille (hors son père, violent, décédé).

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