Chambre 507 : entrez dans le cauchemar !

Sur la couverture, on devine le capitonnage d’une chambre d’aliéné, et le titre, Chambre 507, nous confirme la sensation de malaise qui émane de l’image. Bienvenue à l’hôpital Brinkvale, une institution new-yorkaise construite dans les profondeurs d’une ancienne mine de grès. Le lieu est sinistre, les couloirs sont sombres et les ampoules sautent fréquemment, victimes de l’installation électrique antédiluvienne : c’est en somme un lieu fort sympathique, surtout si on ajoute qu’il accueille des barjots venus  de tout l’état, des criminels trop dangereux pour les asiles traditionnels, trop fous pour la prison…

C’est à Brinkvale que travaille depuis peu le jeune Zach Taylor, art-thérapeute de profession : grâce à l’art, le jeune homme essaie de parvenir à vaincre les défenses de ses patients et de les aider à vaincre leur traumatisme. Il a une routine bien établie, et son plus gros problème, c’est peut-être encore le Dr Xavier, psychiatre, qui considère l’art-thérapie comme du charlatanisme… jusqu’à ce que son supérieur lui confie un cas digne du Silence des agneaux. Zach a une semaine pour estimer le cas de Martin Grace, un aveugle soupçonné de pas moins de douze homicides terriblement sanglants. Grace avait à chaque fois des alibis, mais sa propension à annoncer aux victimes leur trépas imminent avec force détails à peine quelques heures avant leur décès effectif a de quoi étonner.

L’affaire est donc délicate, d’autant que Martin Grace n’a pas l’intention de faciliter la tâche à son jeune thérapeute, semblant le connaître bien mieux qu’il ne le devrait. Celui-ci est perplexe : Grace est-il un serial-killer particulièrement manipulateur, ou la victime de terribles visions prémonitoires ?

La vie professionnelle de Zach devient particulièrement compliquée : mais un problème ne venant jamais seul, Zach fait des découvertes déconcertant sur son propre passé.

Chambre 507 est de ces livres qui vous filent la chair de poule : littéralement. Il est fortement déconseillé de le lire de nuit : qui sait ce qui se cache dans le noir ? L’atmosphère est pesante, dans les couloirs de Brinkvale mais malheureusement pour Zach, la noirceur des lieux ne se cantonnent pas à l’hôpital : l’univers professionnel de Zach envahit progressivement sa vie. Le jeune homme devient obsessionnel : il veut à tout prix percer le secret de Martin Grace, même si chacune de ses rencontres avec lui le désarçonne un peu plus. Zach est un personnage à la construction intéressante : il cache un traumatisme d’enfance et des années d’errance : c’est l’art qui l’a remis sur le bon chemin. Il porte sur le monde un regard plein d’humour, et n’est pas dépourvu d’une certaine répartie. Un protagoniste agréable et sympathique est toujours un énorme plus, surtout dans le cas d’une narration à la première personne. A travers son regard, nous découvrons sa tribu, son frère Lucas adepte du « parkour », ses randonnées urbaines très sportives, et des néologismes (Washington Square devenant ainsi WL7, pour le carré formé par le L et le 7…) et sa petite amie geek Rachael. Ces deux équipiers de choc contribuent au charme du roman, de même que l’opposition dont Zach continue à faire preuve à l’égard de son père, procureur de l’état de New York, même si la crise d’adolescence semble derrière le jeune homme. Tout cela donne un entourage très dynamique, et non pas linaire, dans un New York très urbain, très présent.

Alors que Rachael et Lucas l’épaulent, Zach plonge dans le passé de son patient, et le fantastique envahit progressivement le roman : la tension grimpe. Qui est Martin Grace,  cet aveugle qui ne l’est qu’à cause d’un trouble psychosomatique ? Et surtout, qui est l’homme sombre, dont il parle souvent ? Le lecteur se surprend à retenir sa respiration, tandis que Zach se plonge à son tour dans son propre passé, pour débusquer ses peurs les plus anciennes.

Un récit chronométré et frénétique, où l’on prend plaisir à avoir peur. « Entrez dans le cauchemar » proclame la quatrième de couverture, et ce n’est clairement pas usurpé !

Chambre 507, J. C. Hutchins et Jordan Weisman. Editions Super 8, 21 août 2014. Traduit de l’Américain par Valérie Le Plouhinec.

Par Emily Vaquié

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

4 Commentaires

  1. AAAH C’EST DECIDE. IL ME LE FAUT VITEEEEE ;_____; J’espère que je pourrais me le prendre en septembre :'( Ta chronique fait TELLEMENT envie. Surtout si c’est à ne pas lire la nuit.. haha x)

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