Si elle n’avait pas une nette prédisposition à la magie, Brusenna serait une adolescente plutôt ordinaire. Dans son village, Gonstower, tout le monde les déteste, sa mère et elle. Comme chacun sait, les sorcières, c’est plutôt dangereux, et on ne sait jamais trop quel sale coup ça peut être en train de mijoter. C’est donc avec une légère appréhension que Brusenna voit sa mère partir, pour combattre une sorcière maléfique qui ravage les terres et détraque le climat. Appréhension car, désormais, Brusenna est seule face à l’adversité. Et l’appréhension se transforme angoisse lorsqu’il devient clair que sa mère ne reviendra pas… et que les chasseurs de sorcières sont sur les traces de la jeune fille. Acculée, elle fuit, et tente de gagner un refuge que les sorcières ont beaucoup utilisé.
Seule sorcière à bord, la jeune fille se met à étudier, lire, se renseigner seule.
C’est l’occasion pour la jeune fille – et le lecteur – d’en apprendre plus sur la caste des sorcières, une engeance plutôt méconnue. Et sur leur magie, bien sûr : car les sorcières comme Brusenna ne se contentent pas d’ânonner quelque vague formule sibylline. Non, elles les chantent et en vers, s’il vous plaît. C’est le moment de saluer la traduction d’ Aldéric Gianoly !
Le système de magie créé par Amber Argyle est plutôt original : pas tellement parce que les sorcières font appel aux forces de la nature, ce qui est assez classique (d’ailleurs, à ce titre, on aurait apprécié plus de variété dans les sortilèges qui, là, font essentiellement appel à la végétation), mais surtout parce qu’elles tissent leurs sortilège en faisant des vocalises.
Le récit est très rythmé et on n’a pas le temps de s’ennuyer : Senna apprend, expérimente, puis se lance à l’aventure. Tout cela est fait sans précipitation ce qui fait que l’histoire suit une progression très logique : on n’a pas l’impression d’être parachutés sur une quête épique que le protagoniste réussit haut la main. L’auteur construit son univers peu à peu. Ceci étant dit, on déplorera tout de même quelques facilités de scénario : au vu de l’intérêt apporté à l’univers, on aurait apprécié que tout soit aussi minutieux !
Les personnages, de leur côté, sont complexes et bien pensés : Senna, au départ, est une jeune fille un peu timorée. Au fil des pages, on la voit évoluer avec grand plaisir. Son pendant, Joshen, propose lui aussi un intéressant portrait (et on aurait apprécié de suivre son point de vue de temps en temps). Mais le personnage qui remporte la palme de l’émotion est très probablement Pogg, celui qui épaule Senna dans ses recherches !
Amber Argyle, avec ce premier tome de Witch Song, initie une série qui s’annonce prometteuse : fantasy épique, univers médiéval, chasse aux sorcières, on ne s’ennuie pas ! De plus, la galerie de personnages est complexe, l’univers envoûtant, et la plume d’Amber Argyle fluide. En bref, tous les ingrédients sont là pour faire de ce premier tome un récit très prenant ! On a hâte de découvrir la suite !
J’ai lu des avis très différents sur ce livre. Il me tarde de me faire mon avis 😉