Laurent Whale est romancier, novéliste et traducteur. Côté bibliographie, il a commis de nombreux titres de science-fiction et d’anticipation, dont un a reçu en 2011 le très prestigieux prix Rosny aîné et lorgne, depuis peu, du côté du thriller.
A l’occasion de la sortie en poche de son post-apocalyptique Les étoiles s’en balancent, nous vous proposons une petite incursion dans son univers !
Tom Costa est un troqueur, un métier devenu indispensable dans ce futur par si lointain et très désorganisé. Mais pas un troqueur sur pattes, non. Tom Costa est pilote et, à ce titre, a l’honneur et le privilège de glaner de quoi subsister à bord d’un ULM. A bord, il arpente la campagne seine-et-marnaise, multipliant les vols entre Pontault, ville-état où il réside avec son père d’adoption, Armand, et son frère adoptif, Miki, et Melun, autre cité-état où réside la douce et belle San.
Un soir, alors qu’il rentre tranquillement et qu’il ne lui reste plus que quelques kilomètres à avaler, c’est la catastrophe : l’essence refourguée par le mécanicien est moins bien raffinée que prévu et l’ULM se crashe au sol. Or, rester au sol en dehors des villes est dangereux : si on échappe aux hordes de chiens sauvages qui ont envahi la campagne, il faut encore se méfier des bandes de hors-murs, des rebelles vivant à l’extérieur des fortifications et ne reculant devant aucun méfait. Mais Tom est un débrouillard et il parvient à regagner la cité. Tranquille ?
Eh bien non. Le lendemain, il apprend qu’il est recommandé pour former de nouveaux pilotes, base d’une escadrille de reconnaissance qui devra servir à protéger la cité. En effet, des barbares venus du Nord ont envahi la Belgique et s’attaquent désormais au Nord-Est de la France… l’arrivée sur Meaux, Pontault, et Melun n’est plus qu’une question de petites semaines, au vu des incroyables moyens humains et matériels dont dispose cette force d’invasion. Subitement, les perspectives de famine et d’attaque de hors-murs passent au second plan…
Dans Les étoiles s’en balancent, on nage donc en plein roman d’aventure sauce post-apocalyptique : le pétrole et les denrées utiles sont devenus extrêmement rares, le gouvernement a périclité, et les communes se sont érigées en petits fiefs étatiques où autorité et austérité règnent. Dans ce contexte, la perspective d’une invasion sanglante ne fait franchement pas rêver, aussi adhère-t-on tout de suite au projet de défense mis en place par l’entente Meaux-Pontault. Sauf que… le projet n’est pas porté par les personnes les plus charmantes qui soit, ce qui ajoute de la tension au suspense déjà présent.
Suspense, c’est bien le maître-mot du roman ! On n’a pas une minute pour se poser tant il y a de choses à voir et de tension dans ces pages. Les ressorts dramatiques s’enchaînent à bon train : entre les passages de pure survie, les plans alambiqués, les évasions soignées et les raids aériens, on est servis par une intrigue très variée. Là-dedans, il y a quelques rebondissements plus convenus – comme la découverte du Khan – mais, dans l’ensemble, le tout est original et bien ficelé. L’aventure tourne, globalement, autour de l’épopée aérienne de Tom et de ses petits camarades et là, il est difficile de ne pas être bluffés ! Le vocabulaire technique fuse de partout, les descriptions sont détaillées et soignées mais… mais on ne se perd jamais et, mieux, on adhère totalement. A le lecture, on se sent même pris d’une subite envie de trouver un avion et d’expérimenter les mêmes sensations que nos personnages ! Les descriptions (des vols et avions, mais aussi des personnages, de leurs émotions, des paysages) sont d’une grande richesse et construisent un univers extrêmement fourni.
De plus, le fait que l’intrigue se déroule en Seine-et-Marne est suffisamment rare et original pour être signalé ! Dépaysement garanti par rapport aux titres de SF plus conventionnels !
Cette proximité (car même si l’on n’est pas du coin, les villes ont des consonances connues), alliée au fait que de nombreux extraits de journaux décrivant des choses qui ressemblent à ce qui se déroule déjà, donne au roman un côté qui fait froid dans le dos : l’anticipation est très réussie, et on se projette sans aucune difficulté dans ce futur plus si lointain.
Verdict ? Eh bien si vous voulez lire du post-apo de qualité, inutile d’aller lorgner chez les Anglo-saxons, la qualité est ici au rendez-vous ! Les étoiles s’en balancent est bien écrit, très prenant, bourré d’énergie, et la gouaille des personnages ne fait que les rendre plus attachants ! Voilà un titre qu’il serait franchement bête de rater !
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