Papillon de nuit, le premier roman inédit d’Ellory !

Dans ce roman qui précède tous les autres, Ellory renoue avec l’Histoire américaine comme par exemple dans Les Anonymes, avec l’amitié comme dans Mauvaise étoile. Il mélange avec brio le roman noir historique et le thriller angoissant.

Pendant les quatre cents premières pages, l’auteur va prendre tout son temps pour nous dresser la peinture d’une petite ville, dans les années cinquante et nous raconter la naissance d’une magnifique amitié entre Daniel et Nathan. Les deux enfants n’en n’ont alors pas conscience, pris par leurs jeux mais ils sont différents, de bien des façons. Pourtant la différence qui mènera au meurtre et au couloir de la mort est la seule dont ils n’ont jamais tenu compte : la couleur de leur peau. De cette peinture presque bucolique, Ellory étend son propos et signe les contours d’une fresque. Un bout de l’Histoire des Etats-Unis qui commence principalement avec le meurtre de JFK, qui se poursuit avec les émeutes raciales, le meurtre de Malcolm X et de tant d’autres personnes de couleur, les théories du complot qui a conduit au meurtre de Kennedy et ses thèses hallucinogènes mais aussi celui qui a certainement fait évincer Nixon à travers le Watergate.

Papillon de nuit, R.J. Ellory, Sonatine

Sans oublier la guerre du Vietnâm, ses victimes, ses bourreaux, le communisme… qui projettent nos deux héros dans un “no future” et dans la prise de conscience que leur pays s’enchaîne encore au chaos. Mais Daniel sera toujours l’ami de Nathan et inversement. Peut-être que la lenteur qui symbolise la lourde machine qu’est la bataille pour le changement, la longueur de cette guerre qu’aucun soldat ne comprend, le temps que peut prendre une descente aux Enfers, peut-être qu’elle va étonner ou décevoir. Elle est nécessaire pour raconter trente ans d’Histoire et presque vingt ans d’amitié. Parce que malgré tout, on essaie encore de vivre, de grandir, d’expérimenter.

C’est de sa cellule que Daniel se remémore, explique au père Rousseau, cet homme étrange qui pose tellement de questions. C’est au lecteur aussi, petit à petit que Daniel Ford confesse sa vie et murmure les histoires secrètes des USA. Mais la vie le précipite, il ne lui reste que quelques jours avant son exécution. A trente-six ans, il commence à regretter de ne pas s’être battu pendant son procès. Le jour où il doit recevoir l’injection létale, une terreur le saisit, tout se liquéfie, tout prend et perd sens. Le lecteur est au plus près des ressentis du prisonnier qu’il perçoit tous les états par lesquels celui-ci passe. Ce moment est un summum du roman, un summum de la réalité de la mort, un summum de cruauté et un summum d’art parce que Ellory insiste là où ça fait particulièrement mal. Il finit en “beauté” pour le plus grand plaisir des amateurs de retournements de situation.

Papillon de nuit, R.J. Ellory. Sonatine, juin 2015. Traduit de l’anglais par Fabrice Pointeau.

Par Bérangère

1 Commentaire

  1. Hmm tu réponds à la question que j’ai posé dans mon article du jour ^^ J’ai lu « Seul le silence » de cet auteur, et je demandais quel autre livre lire d’Ellory. J’ai adoré cet auteur et j’ai hâte de lire autre chose de lui 🙂 Merci donc pour ta revue qui m’a donné envie

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