U4 était indéniablement un des événements éditoriaux de cette rentrée littéraire : l’idée était pour le moins ambitieuse ! Quatre auteurs jeunesse français se sont alliés pour nous livrer une fresque en quatre volumes. Tout naturellement, chez Café Powell, nous qui sommes quatre rédactrices jeunesse, nous nous sommes divisé les tomes. Aujourd’hui, nous vous parlons de Stéphane !
Stéphane, contrairement à ce que son nom laisse supposer, est une fille. Elle a survécu au terrible filovirus U4, qui a décimé une grande partie de la population, et attend le retour de son père, éminent spécialiste en virologie qui a disparu au tout début de l’épidémie. Mais les jours passent et son père ne se montre pas. En revanche, les rues de Lyon sont de plus en plus dangereuses… Stéphane se retrouve contrainte de quitter son appartement pour un camp d’adolescents, surveillé de très près par l’armée…
Ce tome d’U4 est assez étonnant, car on en sort en ne sachant pas vraiment si on a aimé ou non. Il y a d’excellents éléments dans ce récit, et d’autres qui nous laissent plus dubitatifs. Commençons par ceux-là…
Stéphane, tout d’abord. Nous n’irons pas jusqu’à dire qu’elle est antipathique, mais elle a tout de même le don d’agacer passablement le lecteur. Ce sont probablement des broutilles à l’aune de l’ensemble de l’intrigue, mais elles valent tout de même la peine d’être mentionnées… Après tout, Stéphane est courageuse, et tente désespérément de ne pas se laisser absorber par le climat de violence qui règne en France après l’hécatombe qui l’a ravagée. Elle arrive même à conserver un semblant de sens moral. Mais à côté de cela, elle n’a que le nom de son père à la bouche, ça en devient lassant, cela nous donne envie de la secouer en lui demandant comment elle peut ne pas se rendre compte qu’elle a cessé d’être une priorité pour son père. Elle refuse de croire ce qui ne l’arrange pas. Elle semble en pincer pour tout ce qui porte braguette dans son environnement immédiat (ah, les hormones en folie !) et réussit à avoir pas moins de trois intérêts amoureux dans le livre ! Ce sont des détails, mais qui nous empêchent de pleinement nous attacher à Stéphane.
Stéphane évolue dans un monde dévasté où la plupart des adultes et des enfants ont été tués par le virus. Le principe n’est pas vraiment original. Les adolescents livrés à eux-mêmes, obligés de s’organiser en un semblant de société, sont un ressort dramatique somme toute assez courant : citons par exemple The Young World, paru en fin d’année passée chez MsK. Dans U4, cependant, l’armée est toujours présente, et même très importante. Elle structure les camps d’adolescents mais ne fait guère office de guide moral. Nos adolescents sont sommés de grandir subitement, sans transition : on a fait des romans d’apprentissage plus calmes ! Mais justement, c’est intéressant à observer. La question du bien et du mal se pose souvent dans ce roman. Stéphane se demande ainsi ce qui peut justifier le fait de tuer. Se défendre ? A n’importe quel prix ? L’armée veut-elle vraiment le bien des populations ? Pour l’assurer, n’a-t-elle pas recours à des moyens condamnables ? Peut-on lui faire pleinement confiance ? Stéphane n’hésite pas à remettre en question le système, ce qui met indéniablement du piment dans l’intrigue !
Ajoutons à cela que le récit de Stéphane est très rythmé, et qu’on n’a pas vraiment le temps de s’ennuyer. C’est souvent très visuel et l’action est clairement au rendez-vous. Assurément un plus !
Nous vous laissons maintenant juger de vous-même de cette partie du puzzle…
U4 : Stéphane, Vincent Villeminot. Nathan et Syros, septembre 2015.
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