ROMAN ADO — Dans chaque lycée américain, il y a un type qui peut vous dénicher tout et n’importe quoi : alcool, dissertation livrée clef en main, rencard avec une bombe… Au lycée de Wakefield, ce quelqu’un s’appelle Jesse, alias « Sway », il a plus d’un atout dans sa manche et c’est probablement le garçon le plus cool du lycée. Le plus cynique aussi. Car derrière ses abords sûrs de lui et impitoyables, Jesse essaie de surmonter le suicide de sa mère. En attendant, « business is business« , et Jesse mène sa petite affaire d’une main de maître.
Jusqu’au jour où le bellâtre du lycée, Ken, lui demande de l’aider à obtenir les bonnes grâces d’une certaine Bridget. Bridget n’est pas le genre de fille qui attire normalement les quaterbacks. Elle est belle, douce, discrète : c’est une bonne élève, qui fait du bénévolat et a un cœur en or. Une gentille fille, en somme. Pourtant, Jesse va la livrer sur un plateau à Ken, en sachant pertinemment que Ken s’en détournera probablement dès qu’il aura obtenu ce qu’il voulait : l’accès au lit de l’adolescente.
Seulement, alors que Jesse apprend à connaître la jeune fille pour mieux aiguiller Ken, notre jeune Cyrano de Bergerac tombe sous le charme de sa Roxane. Alors, dans ces conditions, est-ce que « business is business » tient toujours ?
Roi de pique est un roman assez impitoyable où sont abordés de nombreux thèmes en pagaille tels que la drogue, le suicide, le handicap, le harcèlement scolaire, et bien sûr, la manipulation. Jesse est en effet un expert en manipulation : il joue avec les secrets des uns, fait pression sur les autres, compte les points de tous. Il tient même sous sa botte le proviseur du lycée. Ses combines flirtent même franchement avec l’illégalité, Jesse n’hésitant pas à superviser des passages à tabac, et à frayer avec des dealers. En somme, Jesse est probablement l’antithèse de la douce Bridget, considérée par tous comme « angélique ». Forcément, ils ne pouvaient que tomber amoureux l’un de l’autre !
Si l’histoire est cousue de fil blanc, on prend tout de même un grand plaisir à la lire, et cela tient grandement à la personnalité des protagonistes. Bridget est indéniablement une chouette fille : fort heureusement, Kat Spears a réussi à ne pas en faire une fille trop parfaite, ce qui aurait été diablement agaçant ! Mais, plus sympathique encore, il y a son frangin, un adolescent souffrant d’un léger handicap, qui en veut à la terre entière et qui va nouer une amitié improbable avec Jesse. Enfin, Jesse a la gouaille et le charisme d’un Parker Lewis version 2016, avec un côté bad boy intéressant.
En somme, Roi de pique est un divertissement honnête, qui vous fera passer un bon moment aux côtés de Jesse et de sa drôle de petite troupe !
Roi de pique, Kat Spears. Nathan, septembre 2015. Traduit de l’anglais par Anne Delcourt.
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