ROMAN ADO — L’adolescence, ce n’est pas simple. Et ça l’est encore moins quand votre père, politicien, est à la une de tous les tabloïds parce qu’il a engrossé sa stagiaire de vingt-trois ans. Et quand, cerise sur le gâteau, vous recevez le message d’un inconnu qui se prétend votre frère.
Bref, la vie de Cass, adolescente britannique de seize ans, n’a rien de drôle alors qu’elle se prépare à passer son bac et à remplir un dossier pour rejoindre la prestigieuse université d’Oxford, afin d’être à la hauteur des attentes de ses parents. D’ailleurs, la vie de la jeune fille n’a pas commencé de la meilleure des manières : sa mère est tombée enceinte adolescente, et était battue par son compagnon. Quand Cass a eu quatre ans, elle a été placée, puis adoptée. On l’a séparée de son grand frère, Aidan, qu’elle n’a plus jamais revu.
Jusqu’à ce message, reçu sur Facebook. Alors que Cass vit déjà une période troublée avec le divorce ultramédiatisé de ses parents, elle doit de plus se replonger dans un passé difficile. De son côté, Aidan semble enfin connaître la stabilité. A dix-huit ans, le jeune homme vit en couple avec Holly, mère d’un petit garçon, et travaille dans un magasin d’occasion. Mais Aidan traîne en réalité bien des casseroles, à commencer par un sérieux problème d’alcool…
Cette rencontre va bouleverser la vie du frère et de la sœur : le roman alternant entre leurs deux points de vue nous permet d’avoir un point de vue très complet sur l’adoption en général, et leur situation familiale en particulier. Si Cass a eu la chance d’être adoptée par une famille aimante et de pouvoir s’épanouir dans les meilleures conditions, Aidan a connu les familles d’accueil, le rejet, l’échec scolaire, la violence. Ont-il encore quelque chose en commun, après une séparation de près de douze ans, alors que leurs chemins de vie ont été si différents ?
Inné, acquis… Liens du sang, liens avec sa famille d’adoption… Te retrouver pose la question de la construction familiale et de l’impact de l’environnement sur le devenir d’un enfant, de l’importance des liens du sang malgré une longue séparation. Cass se demande souvent ce qu’elle serait devenue si elle était restée avec sa mère, et s’interroge sur la vie qu’Aidan aurait pu avoir s’il avait pu grandir dans un foyer aussi bienveillant et aisé que le sien. Amenée à rencontrer tout d’abord son vrai frère, puis sa vraie mère, la jeune fille se pose également la question de ces définitions qui cloisonnent sa vie : la mère qui l’a élevée ne peut évidemment pas être considérée comme « sa fausse mère », même si ce n’est pas la femme qui l’a portée dans son ventre… Dans ces conditions, comment définir celle à qui elle doit la vie ? Forment-ils tous une grande et même famille, à laquelle s’ajouterait Annabel, la nouvelle compagne de son père, et l’enfant qu’elle attend ? Et Will, peut-être, ce garçon si charmant qui ne demande qu’à être à ses côtés ?
Décrivant avec talent une période de crise et de remise en questions, Keren David forge un roman touchant, qui parle avec justesse de la famille et des relations humaines : au fil des pages, nous observons Cass grandir et Aidan prendre confiance en lui.
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