ROMAN PHÉNOMÈNE — City on Fire était LE livre événement de cette rentrée d’hiver : porté par une presse internationale prestigieuse et par les rumeurs d’un des chèques d’à-valoir les plus importants de l’histoire de l’édition américaine, City on Fire faisait parler de lui avant même sa sortie… Véritable fresque ayant pour personnage principal la ville de New York, City on Fire court du réveillon 76 jusqu’aux émeutes du blackout de juillet 1977 : c’est un pavé de plus de 900 pages en papier bible, impossible à lire d’une traite, lourd comme un âne.
C’est de plus vivement déconseillé. City on Fire est de ces livres qui se déguste petit bout par petit bout, afin d’éviter l’indigestion (et la foulure du poignet). C’est un roman choral, genre qui se prête tout à fait à la lecture fragmentée. City on Fire donne voix à des personnages très divers, qui tous ont un lien avec la jeune Sam Cicciaro, violemment agressée à Central Park la nuit du 31 décembre. Pendant que Sam se faisait tirer dessus, les Hamilton-Sweeney, famille influente de Manhattan, festoyaient chacun à leur manière. Regan, la fille, cuvait son divorce d’avec Keith et faisait la rencontre de Mercer Goodman, le petit ami de son frère William, artiste marginal ayant rejeté l’héritage familial. Le jeune Charlie, lui, assiste à un concert punk en espérant que Sam Cicciaro lui tombera dans les bras. Ces personnages ne vont cesser de ses croiser jusqu’à la nuit effrayante du 13 juillet 1977, une nuit qui bouleversera de nouveau leur vie.
Deux nuits qui changent tout, et une pléiade de personnages qui évoluent dans le New York de la fin des seventies, le New York d’après le choc pétrolier, d’après le Watergate, d’après le Vietnam : voilà le pitch du roman phénomène de Garth Risk Hallberg. Le résultat ? Un roman honnête, dont les personnages sont très différents mais tous inextricablement liés et qui brasse des thèmes ultra variés, comme l’amour (conjugal, fraternel, filial…), le sexe, l’argent, l’art, l’adolescence, le deuil, l’identité. Cela fait sans doute de City on Fire un roman universel, alors même qu’il est extrêmement lié géographiquement à un ville en particulier, New York, la fameuse « ville en feu », New York, qui se révèle au fil des pages, du centre des affaires aux immeubles huppés de Park Avenue, en passant par ses coins sinistres et ses banlieues. C’est un New York en crise que nous découvrons, vaguement glauque, où l’on se drogue et où l’on squatte, tous en lofts fraîchement reconvertis et en trous à rats… les beaux appartement, eux, semblent n’être là que pour dissimiler de sordides secrets de famille.
Le récit de Garth Risk Hallberg est follement ambitieux, et porté par un souffle romanesque indéniable : on le compare parfois à Dickens, Tom Wolfe, Don DeLillo et même Flaubert ! Impressionnant pour un premier roman, City on Fire souffre tout de même parfois de quelques longueurs, se montre parfois bavard : comme nous vous le disions, City on Fire doit se savourer à petite dose. Son atout ? Nous livrer le portrait d’une ville réussi et complet, et dépeindre avec justesse une flopée de personnages. Certains sont plus sympathiques que d’autres : on appréciera Cicciaro l’artificier, Pulaski le flic passionné ou encore Richard le journaliste intègre (l’interlude consacré à sa dernière oeuvre est passionnant !), quand on s’agacera des caprices de Charlie, l’ado banlieusard et des marottes de sa troupe de punks cracras et terroristes en herbe. Tous sonnent vrai et contribuent à faire de City on Fire un roman réussi, mais dont on sort tout de même un peu déçu : tout ça pour ça ? Certes, le roman est bon, et intéressant : mais méritait-il d’éclipser de manière aussi totale le reste de la rentrée d’hiver ? Nous sommes plus sceptiques. Attendons de voir comment sera le deuxième roman de Garth Risk Hallberg, afin de voir s’il renouvelle l’exploit.
Merci pour ce bel avis qui m’éclaire un peu plus sur ce rond qui a tant fait parler. Je pense le lire mais j’attendrais un peu, il ne sera pas prioritaire.
Moi j’ai fait une indigestion…
J’en suis à la page 877, j’en ai réellement marre. Les personnages ne sont pas attachants, l’intrigue elle même est inintéressante. Je vais le finir par principe mais je ne comprends pas l’engouement autour de ce livre. Je ne le trouve pas si bien écrit d’ailleurs. Il n’y a pas d’humour non plus. Aucune émotion forte. Pourquoi écrire un tel pavé ? Il n’y a que du remplissage dedans, de la broderie, je n’y trouve aucune profondeur. Hâte de le torcher pour commencer Jérusalem d’Alan Moore.