ROMAN À CROQUER — Au fil des dernières années, on a consacré un grand nombre de romans aux vampires : Juliette Bouchet se prête à son tour à l’exercice, avec beaucoup de dérision et de modernité, dans son roman Avant j’étais juste immortel. Nous avons lu et aimé ce livre, et nous vous en parlons aujourd’hui avec plaisir !
À l’heure du triomphe de Burger King, McDonald’s et autres chantres de la malbouffe, difficile pour un vampire de trouver son bonheur parmi les humains qu’il doit vider de leur sang pour se nourrir : leur sang, chargé en gras, en sucre et en cochonneries diverses, peut vous rendre sérieusement malade. C’est le triste constat que fait Raphaël, quadragénaire aux dents longues qui vit seul dans un vieux manoir, obligé de siphonner les couvents alentours dans l’espoir de trouver une proie la plus saine possible. Un vampire victime d’intoxications alimentaires ? Pourquoi pas, c’est un pari intéressant que développe Juliette Bouchet.
Un jour, notre vampire tombe nez à nez avec le véritable propriétaire du manoir où il crèche, Sir Roberts, et le transforme en son compagnon d’infortune, avec qui il écume la campagne à la recherche d’un sang le plus « bio » possible… Une quête pour le moins truculente !
Roman so 2016, Avant j’étais immortel nous plonge dans le quotidien d’un vampire « bobo » qui aurait été tout à fait à sa place en plein Saint-Germain-des-prés, s’il avait été assuré d’y trouver sa pitance : à la place, le voilà à sillonner la campagne à la recherche de victimes aussi pures que possible. C’est bien sûr l’occasion pour l’auteur de jouer la carte de l’irrévérence, en choquant doucement son lecteur qui ferait bien de se rappeler qu’un vampire n’est pas un enfant de choeur qui retourne au lycée ad vitam æternam ! Malgré ses tendances au meurtre de religieuses, Raphaël est en fait un personnage plutôt sympathique, dont on suit les errances gastronomiques et romantiques avec plaisir. Car Raphaël ne rencontre pas qu’un soucis de nourriture, il a un deuxième problème dans sa vie : à près de quarante ans, il est toujours puceau, préférant de réserver pour le grand amour… Et si c’était cette doctoresse si sexy qui le prend en charge à l’hôpital après une virée en quête de sang qui tourne court ?
Récit hautement réjouissant et bourré d’humour, enchaînant les situations délicieusement absurdes, Avant j’étais juste immortel est donc une critique à peine déguisée de notre société de consommation (des corps comme de la nourriture !), qui fait la guerre à l’ère de la malbouffe et de l’égocentrisme. On salue le style joyeusement désinvolte, qui swingue, de Juliette Bouchet, qui contribue très fortement à faire de ce roman un petit plaisir à dévorer cet été.
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