ROMAN HISTORIQUE — Flora Poste a dix-neuf printemps. Elle a reçu une excellente éducation et tout le monde la pensait riche en raison des fastueux voyages que ses parents ont toujours faits. Ce jusqu’au décès de son père qui la laisse orpheline et sans un sou : cent livres par an en tout et pour tout. Peu démontée par sa nouvelle situation, Flora décide de faire un séjour chez son amie, Mme Smiling, une riche veuve de même pas vingt-cinq ans. Mais qu’allait donc devenir cette pauvre Flora ? Plusieurs idées viennent en tête des deux amies pendant qu’elles dînent, dansent et s’amusent dans le Londres des années 30. Mme Smiling vote pour l’indépendance de Flora et lui propose de s’installer chez elle, le temps d’apprendre un métier et de trouver un “chez elle”. Flora, quant à elle, est obstinée, elle écrit à toute sa famille pour savoir si l’un d’eux pourrait prendre soin d’elle. Des réponses positives ne tardent pas et c’est une carte postale à peine propre mais mystérieuse qui retient son attention. Contre l’avis de son amie, Flora prend le train pour vivre dans une ferme du Sussex.
Que diable allait-elle faire dans cette galère ? Flora fait la connaissance d’un nombre incroyable de cousins et cousines, chèvres, vaches, taureau… Petit à petit, un plan voit le jour dans sa tête. Pourtant l’accueil froid et désintéressé qui lui a été réservé aurait dû la réexpédier fissa dans le luxe londonien. Mais son bon caractère et sa nature optimiste lui font espérer bien des changements. Cette partie de la famille qui lui était tellement hostile, tellement terne, tellement empêtrée dans ses habitudes va finir par s’attacher à la jeune femme (et inversement). Stella Gibbons donne l’impression que son héroïne s’est elle-même investie d’une mission. Elle devra convaincre son cousin qu’il doit prêcher la bonne parole, marier sa jeune cousine champêtre et faire sortir cette tante qui retient tout le monde dans cette ferme austère. Y parviendra-t-elle malgré ses amitiés diverses et sa tête bien faite ?
Si l’on compare facilement Stella Gibbons à Jane Austen, peut-être est-il possible d’aller plus loin. Dans ce roman, du moins, l’auteure semble offrir le soleil austenien à l’univers des soeurs Brontë sans perdre de vue la malice, l’analyse des personnages et les critiques d’une partie de la bonne société, chères à Austen. Un vent frais souffle sur la Lande et le temps passe trop vite. Ce siècle qui sépare les deux auteures soulignent bien les changements, notamment en faveur des femmes mais Stella Gibbons ne fait que le suggérer.
Je note! L’univers de ce roman à l’air d’être tout-à-fait à mon goût! 🙂