Del Toro est de retour avec le magnifique The Shape of Water !

CINÉMA — Pendant le conflit de la guerre froide, plus précisément les années 60, une femme muette mais entendante du nom d’Eliza (incarné par Sally Hawkins) travaille comme personnel de nettoyage dans un établissement gouvernemental secret, où elle devient attirée par un nouveau spécimen : une créature marine mystérieuse (joué par Doug Jones). Pendant qu’Eliza commence à en tomber amoureuse, le chef de l’établissement, Richard Strickland (Michael Shannon), souhaite utiliser la créature comme arme expérimentale contre les Russes. Le lien qu’Eliza entretient avec la créature commence bientôt à toucher ceux qui l’entourent, comme son voisin Giles (Richard Jenkins), Zelda (Octavia Spencer) et le scientifique Robert Hoffsteder (Michael Stuhbarg).

Ce film palpitant, touchant et surréaliste explore les nombreux aspects et formes des monstres. Le pire monstre de tous est le cœur humain, et pourtant c’est aussi le plus gentil et le plus beau. Le film offre un encouragement à s’exprimer et à agir lorsque les autres sont en difficulté et souffrent. Dans ce monde d’extrémisme montant qui colporte la haine et l’opposition à la science, à l’art, à la sympathie et, fondamentalement, à toute l’humanité, de tels encouragements sont cruellement nécessaires.

D’un point de vue technique, le film imite vraiment l’élément de son titre (qu’on traduit par « La Forme de l’eau »). C’est le travail de la caméra qui flotte vers et autour de ses personnages tandis que les scènes s’enchaînent comme l’eau d’une rivière. Del Toro maintient cette rythmique grâce à son utilisation du montage, en découpant le son pour créer un film aussi auditif que visuel. L’ensemble du film est tout aussi magnifique. Dans le contexte des années 1960, les protagonistes sont des « parias sociaux » d’horizons différents, plaçant l’homme blanc faisant autorité dans le rôle d’opposition qui tire pleinement parti de son complexe de supériorité dans la société. Octavia Spencer, dans le rôle de Zelda, collègue noire d’Eliza et Richard Jenkins, Giles le voisin gay d’Eliza, entretiennent la partie comique du film à travers leur incarnation des stéréotypes de l’époque. Bien que l’on puisse prétendre que leurs rôles de confident homo et de servante noire sont des clichés, les deux personnages affichent une conscience aiguë de leur statut préjudiciable, tous deux résolus à désobéir aux conventions que la société leur a imposées. Une décision qui les distingue de la plupart des représentations des minorités des années 1960. Michael Shannon offre une autre performance des plus convaincantes comme sociopathe, et certaines de ses actions nous dégoûtent de façon impressionnante dans un monde où le spectateur est désensibilisé à la violence à l’écran. Sans compter les personnages de soutien, la vedette de ce film est sans conteste Sally Hawkins, dont la performance en tant que femme muette lui impose le défi unique de faire sympathiser le public malgré son manque de langage. Elle le fait à travers son engouement, son amour de l’art, en particulier de la musique et des comédies musicales, sa façon de travailler quand personne ne regarde, et ses émotions palpables qui n’exigent aucune voix pour s’exprimer. Sa langue des signes offre l’un des visuels les plus spectaculaires du film, et Del Toro le sait, en choisissant de placer les sous-titres le plus près possible de ses mains afin de ne pas nuire à son attention.

Avec des yeux expressifs et une forte empathie, Sally Hawkins est incroyable et hypnotisante dans son interprétation d’Elisa. Michael Shannon est parfait, cruel, sarcastique. Le casting est merveilleux, le film est plein de profondeur et de splendeur. The Shape of Water est à découvrir dans les salles obscures cette année.

A propos Kévin Costecalde 305 Articles
Passionné par la photographie et les médias, Kévin est chef de projet communication. En 2012, il a lancé le blog La Minute de Com, une excellente occasion selon lui d'étudier les réseaux sociaux et l'actualité. Curieux et touche-à-tout, Kévin aime les challenges, les voyages et l'ironie.

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