FANTASY — Après La Forêt des araignées tristes, Colin Heine revient avec un roman situé dans le même univers, mais totalement indépendant : Les Loups de Cendres Mortes !
Dans un monde recouvert d’une brume mortelle, la vape, deux cités s’affrontent. D’un côté, il y a Luperque, orgueilleuse cité impériale qui ne prospère qu’en asservissant les autochtones de l’Arquesylve, une immense forêt recelant de multiples dangers. De l’autre, Vexine, jeune ville marchande qui promet la liberté à tous ceux qui la rejoignent. Alors qu’il est en mission pour récupérer des esclaves en fuite, le centurion Ludovico est attaqué par des lycans, de dangereuses créatures à l’origine d’une guerre meurtrière quelques années auparavant. Pour l’Empereur, pas de doute : Vexine est responsable. Ludovico y est envoyé sous couverture pour empêcher tout conflit d’éclater. Mais le danger n’est peut-être pas là où il l’attend…
Après une scène d’ouverture incroyable, un combat dans l’arène opposant un gladiateur vétéran à une créature cauchemardesque, l’histoire nous entraîne dans un univers aux allures d’Empire romain, mâtiné d’une touche de steampunk, de magie et peuplé de créatures originales. Ainsi, si à Vexine on utilise la vape comme énergie, à Luperque on a des gargouilles ailées en pierre comme montures et le palais de l’Empereur flotte au-dessus de la ville. De plus, une sombre magie, à base de masques en bois permettant la métamorphose, semble prendre source dans l’Arquesylve : ce système de magie, hyper original et bien trouvé est vraiment le gros point fort du roman !
Bref : c’est coloré, et le mélange d’influences fonctionne à merveille. Malheureusement, une fois le décor posé, celui-ci manque un peu de profondeur au sens où l’antagonisme politique et idéologique des deux cités, point de départ de l’histoire, n’est pas très développé. Certes, Luperque et Vexine ont des visions de la vie et de la société diamétralement opposées, mais c’est à peu près tout ce qu’on en saura.
Les personnages souffrent du même léger manque de consistance : peu approfondis au-delà des grands traits qui les caractérisent, il est difficile de s’y attacher, plus difficile encore de croire aux liens qui les unissent, lesquels manquent parfois de crédibilité. Or, un des grands retournements de situation de l’intrigue repose sur ces relations entre eux et c’est un peu dommage, car, de fait, il n’est pas aussi retentissant qu’il aurait dû l’être !
Malgré cela, le récit enchaîne les péripéties prenantes : si la tension manque légèrement, le rythme, lui, est bien présent. Les scènes s’enchaînent sans coup férir, et les rebondissements sont légion – peut-être un peu trop au regard de l’univers et des personnages, qui semblent en comparaison un peu délaissés.
En somme, c’est une rencontre ratée avec ce roman, qui fourmille de bonnes idées et repose sur un système de magie vraiment bien trouvé, mais souffre également d’un manque de profondeur côté univers et personnages.
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