Amour, Prozac et autres curiosités, Lucia Etxebarria

Elles sont trois soeurs, mais n’ont rien des soeurs Brontë ou des frangines Halliwell…à la limite, l’on se croirait plus dans Desperate Housewives dans le Madrid des années 90. Vif, trash et frais, Amour, Prozac, et autres curiosités est un roman féminin sans prétention, aux héroïnes hautes en couleur.

Ana, Cristina et Rosa sont trois jeunes madrilènes : soeurs, elles ont dû grandir sans père, et avec une
mère frustrée et peu attentive. Chacune semble incarner un type féminin potentiel. Ana est la mère au foyer en apparence comblée : son mari est gentil et gagne bien sa vie, elle a un fils adorable et sa maison est digne des pages des magasines de décoration les plus prestigieux. Rosa est une working-woman qui a réussi sa carrière. Cristina, belle et explosive, vit sa jeunesse à
fond en collectionnant les verres, les cachets d’extasy et les conquêtes. Pourtant, derrière cette façade plutôt lisse, se dissimule le désarroi des trois soeurs : Ana est dépressive et a testé tous les somnifères et anti-dépresseurs possibles et inimaginables, Rosa a l’impression d’être passée à côté de sa vie personnelle, et Cristina tente de survivre à une rupture douloureuse…

Portrait de femme dans l’Espagne des années 90, Amour, Prozac, et autres curiosités évoque sans détours, et parfois crûment la vie amoureuse, sexuelle et sociale de nos héroïnes.
Décomplexée et exubérante, Cristina se veut le porte-parole d’une jeunesse en apparence libérée, mais en réalité entravée dans son carcan d’alcool, de drogue et de sexe glauque. A côté de sa soeur Ana, à la vie rangée et paisible, le contraste n’est que plus frappant. Pourtant, aucune des deux n’est vraiment satisfaite de sa vie. Ana, Cristina et Rosa sont les facettes possibles d’une même femme : leurs trois points de vue éclairent tour à tour les évènements de leur vie. A travers le filtre de leurs diverses opinions, elles se dévoilent, et leur histoire commune se dessine progressivement.

Leur vie a été très tôt marquée par la disparition du père, figure paternelle joviale mais intangible. Leurs relations avec les hommes en sera fortement perturbée. Cristina est probablement le personnage le plus mis en avant. Croqueuse d’hommes, elle dévoile son mal-être au fur et à mesure que l’intrigue se déroule. Elle en est presque attachante. Presque, car imprévisible, trop instable. Car si le style est plaisant, léger, et les personnages plutôt charismatiques, bien qu’un peu stéréotypés, le roman n’a rien de marquant. ça se lit très vite et ça s’oublie probablement tout aussi vite. Sous l’humour facile se dissimule pourtant une profondeur inattendue. Il peut donc  être intéressant de le lire pour voir à quoi ressemblait une vie de femme dans l’Espagne de la fin du vingtième siècle.

6 Commentaires

  1. Je crois comme tu le dis que ce sont des stéréotypes que tu peux retrouver encore aujourd’hui, ou tu les mélanges et en distribuant savamment le dosage des éléments tu en retrouve d’autres qui
    ont cours aujourd’hui. Je les rencontre parfois ces femmes-là.

  2. Une bonne surprise que ce livre ! Un décor coloré, un univers très décalé. Des personnages
    attachants. Des thèmes sérieux (liens fraternels, drogue, dépression, etc.) abordés de manière assez légère tout en allant au fond des choses, sans toutefois être de manière caricaturale. Une
    écriture assez crue.

    Un livre que j’ai bien aimé.

  3. Bonjour !!

    Je viens t’informer qu’un nouvel article est présent sur mon blog. Il s’agit de « Métal Mélodie », de Maryvonne Rippert, en page 11. C’est un livre pour « grands ados » et l’auteur est peu connue,
    mais je pense qu’il est très important à lire malgré tout puis c’est un livre magnifique :).

    A bentôt, bonne journée à toi !
    A.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.