Solaire, Ian McEwan

Michael Beard n’a rien d’un héros : à l’aube de la soixantaine, il est chauve, lâche et rondouillard. Son cinquième mariage est sur le déclin. En somme, Michael Beard a tout du loser. Pourtant, autrefois, il a obtenu le si convoité Prix Nobel de physique. Mais depuis cette reconnaissance éclatante de son génie, le scientifique se repose sur ses lauriers et recycle toujours les mêmes thèmes et idées. Désormais, il se contente de passer une fois par semaine au centre de recherche, tout en se faisant payer pour animer des conférences. Ian McEwan construit soigneusement la personnalité de son héros, tout en nous offrant un roman où l’humour nous laisse comme un goût amer dans la bouche. Bientôt, les sourires se figent. Portrait d’un roman pas comme les autres, qui nous laisse songeur.

Solaire, Ian McEwan, Folio

Nous sommes à l’aube des années 2000. Michael Beard est un scientifique renommé, bien qu’il ne soit plus vraiment actif depuis qu’il a été récompensé par le célèbre prix Nobel. Homme à femmes, époux volage et sans vergogne, il tombe un jour des nues en découvrant que sa jeune et belle épouse, Patrice, le trompe également. Michael est jaloux et désire alors Patrice de plus belle. Mais un accident va faire basculer la vie de notre héros : Michael décide de changer de vie, de faire un régime, de repartir de zéro. Il oubliera bien vite ses bonnes résolutions, mais décide de se pencher sur l’énergie de demain, le solaire…

Il faut l’admettre, Michael Beard est, outre un personnage assez détestable de part sa mollesse, sa lâcheté et son égocentrisme, un sacré malchanceux ! Si ses infortunes sont parfois cocasses et anecdotiques, l’une d’elle constitue le pivot du récit : en rentrant de voyage, Michael est confronté à un de ses rivaux dans le cœur de sa femme. Cette rencontre, digne d’un vaudeville, va entraîner Michael sur une mauvaise pente : le voilà bientôt à faire accuser un innocent de meurtre et à s’approprier les idées d’un mort. Ce ne sont décidément pas des choses à faire. Dix ans après, le destin vient frapper à la mort. Michael, qui a toute sa vie voulu jouer sur les deux tableaux, va découvrir à quel point la vie peut se montrer fourbe.

Solaire, c’est près de 400 pages d’humour anglais : celui-ci est bon enfant au début du roman. Puis le lecteur se sent de plus en plus mal à l’aise face à ce héros qui le fascine et le dégoûte. Au fur et à mesure que Michael, par sa mesquinerie, par ses fantasmes misogynes et son égoïsme, déçoit le lecteur, celui-ci devient de plus en plus sensible à la critique sous-jacente de la bassesse humaine.

Solaire est en somme un roman très complet et très actuel : l’énergie solaire, et son utilisation, sont bien évidemment au cœur de l’intrigue et des ambitions de Beard : la réflexion sur l’énergie que nous offre Ian McEwan est des plus intéressantes. Mais malgré un style maîtrisé et une intrigue menée de main de maître, on reste tout de même extrêmement soulagée quand vient la dernière page : à croire que l’on aura fait une allergie au personnage principal !

Solaire, Ian McEwan. Folio, 2012.

3 Commentaires

  1. Ian McEwan est un auteur que je me promets de découvrir chaque année, et dont je ne prends jamais le temps d’ouvrir un roman… J’avais jeté mon dévolu sur Expiation (l’as-tu lu ?), mais la description que tu fais de celui-ci m’intrigue énormément ! Je me note le titre, merci 😉

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