Carter contre le diable : tout simplement magique !

San Francisco, années 20, l’univers de la magie : ces trois thèmes, qui définissent le roman de  Glen David Gold sonnent comme la promesse d’un roman d’exception. Ajoutez à cela la charte graphique fort sympathique des toutes nouvelles éditions Super 8, et vous obtenez un roman que l’on meurt d’envie de dévorer sitôt dans nos mains. C’est donc chose faite, chez Café Powell, et nous vous parlons donc avec plaisir de ce roman qui sort aujourd’hui dans toutes les bonnes librairies.

Nous sommes en 1923 et le service secret est en ébullition : ce soir, le président Harding doit monter sur scène lors du spectacle de magie de Carter le grand. Celui-ci promet une soirée d’exception, avec des illusions de haute volée, et des numéros tous plus impressionnants les uns que les autres. Le spectacle est une réussite, et le numéro auquel participe le président surprend par son audace et sa violence. Quelques heures plus tard, Harding est retrouvé mort dans sa chambre d’hôtel. Que s’est-il passé ? Charles Carter y est-il pour quelque chose ? Se doutant qu’il risque fort d’être suspecté, Carter se met au vert quelques temps.

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Grand, grand roman, Carter contre le diable nous plonge dans le passé de Carter, des grands manoirs san-franciscains aux trains qui sillonnent le pays pour proposer des numéros de cirque d’ouest en est, mais ne néglige pas autant l’instant présent, et le mystère qui entoure le décès prématuré et mystérieux d’un président. C’est un roman purement magique, qui nous transporte à l’âge d’or de l’illusion, à l’époque charnière où le cinéma devient menaçant pour le monde du spectacle plus traditionnel. Grâce à Glen David Gold, nous pénétrons les coulisses des tournées et des spectacles les plus grandioses. Et quel meilleur guide que Charles Carter ? C’est un personnage auquel le lecteur s’attache très vite, car sensible et passionné par ce qu’il fait. Et il n’est pas dénué de répartie, ce qui est toujours appréciable. C’est un véritable héros qui se construit au fil des pages mais, rassurez-vous, il reste terriblement humain tout au long du récit.

Si le meurtre de Harding passe un temps à l’arrière-plan, ce n’est que pour mieux nous faire apprécier les premiers pas de Carter dans l’univers du spectacle, de l’affrontement avec son père aux difficultés de se faire sa place dans un milieu qui a déjà ses super-stars. Carter en veut, et ne rechigne pas à la tâche. Il se fera chemin faisant un ennemi redoutable en la personne de Mysterioso, la tête d’affiche de sa troupe. Mais les années 10 verront enfin le triomphe du jeune magicien méritant, qui a fait de la magie la ligne rouge de sa vie. Une dizaine d’années après, après bien des voyages et des spectacles, Carter attire l’attention de l’agent Griffin, persuadé que le magicien est le meurtrier du président. Griffin est une sorte de loser magnifique, profondément malchanceux qui, bien que dévoué corps et âme à sa mission de protection du président, a déjà vécu l’assassinat de deux des occupants du bureau ovale. Alors que Carter continue sa quête de l’illusion idéale, pour faire de son spectacle le plus connu des Etats-Unis, Griffin mène l’enquête par tous les moyens.

Difficile de ne pas avoir le coup de cœur pour ce très grand roman qui ne se contente pas de nous décrire l’univers de la magie et de la prestidigitation, mais évoque également des thèmes bien plus terre-à-terre, tels que le deuil et la manière de le surmonter, le besoin d’impressionner sa famille et de s’accomplir, le sentiment d’appartenir à une époque bientôt révolue. Au cours du roman, Carter se voit offrir une deuxième chance, et découvre que malgré les drames qui ont frappé sa vie, il peut être heureux de nouveau, indépendamment de la magie, qui a longtemps été sa bouée de sauvetage et la source de son malheur. Comment ne pas être touché par la terrible culpabilité de cet homme, par sa détresse, après que l’objet de sa passion ait détruit sa vie, après un terrible drame en coulisse juste avant un spectacle ? Par ailleurs, Glen David Gold recrée avec brio un monde aujourd’hui disparu, les années 20 dans toutes leur splendeur. Dans les rues animées d’un San Francisco reconstruit de frais après le terriblement tremblement de terre de 1906, circulent les premières automobiles. Devant l’Orpheum, où Carter triomphe sur scène, un clochard ressasse son succès passé d’acteur de théâtre, tué dans l’œuf par la montée en puissance du cinéma. Dans les bars clandestins, la prohibition n’a plus cours, et l’alcool coule à flot. Ce sont les années 20, comme si vous y étiez.

Les éditions Super 8 commencent donc fort avec ce titre que nous conseillons vivement. Un livre qui se déguste avec beaucoup de plaisir.

Carter contre le diable, Glen David Gold. Super 8 éditions, avril 2014. 

Par Emily Vaquié

Mois de mars

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

3 Commentaires

  1. RhoOOOoO mais punaise comme tu me tentes ! C’est pas possible ça !! Je ne résiste jamais aux Années 20 et puis chaque ligne de ton bilelt ne fait qu’enfoncer le clou !
    Merci pour la découverte,
    Cajou

    • Moi non plus je ne peux pas résister, alors si tu as des titres à me conseiller je suis preneuse !
      Je ne suis pas née à la bonne époque !

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