Le Liseur du 6h27 vient de sortir en librairie, avec une semaine d’avance, et c’est déjà un vrai phénomène éditorial, dont les droits ont été vendus dans de nombreux pays et qui, semble-t-il, intéresse déjà le cinéma, un peu comme le roman de Romain Puértolas l’année dernière. On ne parle que de ce petit roman en ce moment. Nous avons donc voulu nous pencher sur ce drôle de roman, qui évoque à certains critiques l’univers de Jean-Pierre Jeunet.
Sur la couverture, un siège de RER orange, tels qu’on en voit sur la ligne C. Pourquoi un siège de RER ? C’est parce que tous les jours, du lundi au vendredi, Guylain Vignolles lit à voix haute dans les transports en commun des feuillets épars, qu’il a sauvé du pilon. Car Guylain travaille auprès d’une terrible broyeuse de livres, là où terminent les invendus et les retours libraires. Triste fin ! Guylain est malgré lui le terrible bourreau de nombreux romans et livres pratiques, qui finissent par camions entiers dans la gueule de la machine. Aussi, chaque jour, le jeune homme sauve quelques pages, à qui il redonne vie en les lisant le lendemain matin dans le RER.
La quatrième de couverture vante des personnages hauts en couleur, et effectivement, on tient là une sacrée galerie de personnages. Guylain est lui-même plutôt sympathique, bien qu’un peu fade. On retiendra plutôt Yvon, son collègue féru de théâtre classique, qui s’exprime par alexandrins ou le vieux Guiseppe et ses marottes. Mais Guylain est tout de même un personnage qu’on prend plaisir à suivre, et qu’on secouerait volontiers pour son propre bien. Il abhorre son métier et part travailler la boule au ventre. Pourtant, il ne semble pas remettre en question sa vie bien rangée, qui suinte la solitude : pas une fois il ne semble envisager de changer d’emploi. D’où l’envie pressante de lui donner un bon coup de pied bien placé.
Un jour, il trouve un texte qui change sa vie, et une autre histoire envahit le récit de Guylain. Le lecteur est heureux de pouvoir se plonger par le biais de Guylain dans ce texte : une belle mise en abîme. Un autre personnage entre en scène, mais nous ne vous en dirons pas plus. On se contentera de vous dire que cette jeune femme est des plus agréables à lire. Elle a elle-aussi a un travail bien ingrat…
Fable légère et pleine de bonne humeur, Le Liseur du 6h27 se lit vite, et bien. On déplore un récit certes un peu gentillet, mais on ne peut nier la fluidité du style de l’auteur, qui a su de surcroît mettre le point final à son histoire pile au bon moment (ce dont tous ne sont pas capables !). S’il n’est pas certain que l’on se souvienne bien de l’histoire dans quelques mois, on aura passé un bon moment en compagnie de Guylain et de ses amis.
Le Liseur du 6h27, Jean-Paul Didierlaurent. Au diable vauvert, mai 2014.
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