La plus méditerranéenne des auteurs britanniques : Victoria Hislop, en trois romans, a bel et bien assis sa réputation. La Grèce était, non sans succès, son terrain d’étude favori jusque là, mais Victoria Hislop la délaisse cette fois-ci au profit de l’Espagne. Sur fond de guerre civile, elle imagine le destin tragique d’une fratrie à Grenade, dans le sud du pays. Comme dans ses précédents romans, passé et présent s’entremêlent dans le récit : en 2001, Sonia, londonienne plutôt malheureuse en ménage, et passionnée de salsa, voyage à Grenade avec une amie. Dans un petit café sur une place pittoresque, elle rencontre Miguel, qui se fait le narrateur d’une histoire de famille triste à pleurer, bien plus liée à la vie de Sonia qu’elle ne le croit.
Ce petit café sans prétention appartenait autrefois à une famille, les Ramirez : les parents, Pablo et Concha, les trois fils et Mercedes, la benjamine, férue de flamenco. La guerre civile va venir rompre la quiétude du quotidien : les fils se déchirent, leurs sympathies n’allant pas au même camps, et Mercedes, entichée d’un gitan, voit son histoire d’amour contrariée par les événements qui secouent le pays. Très vite, la tragédie s’invite et en quelques années, le destin de la famille entière bascule : exécutions, détention, bombardements, exode…
Le roman de Victoria Hislop prend du temps à s’installer, beaucoup trop de temps : il faut attendre près de la moitié du récit pour que le lecteur se sente vraiment concerné par les événements terribles qui touchent la famille Ramirez et bientôt, l’Espagne toute entière. Cependant, une fois que l’intrigue est lancée, le lecteur n’est pas ménagé et ne peut qu’être profondément touché par l’histoire des Ramirez, une famille qui, comme bien d’autres, a été littéralement décimée par la guerre civile. Les scènes d’horreur se multiplient : la guerre est racontée comme si nous y étions, les tranchées caniculaires en été, les balles qui sifflent, les obus qui sèment la mort… Antonio, le frère aîné, s’engage bientôt contre Franco alors que Mercedes, la cadette, traverse l’Espagne à pieds pour tenter de retrouver son bien-aimé. Victoria Hislop, à ce moment-là, nous a ferré : cela aura pris un peu de temps, mais nous sommes enfin conquis.
A ce portrait historique sauvage et sans concession, Victoria Hislop ajoute de très belles pages sur l’Andalousie, et sur Grenade : elle décrit une ville chaleureuse et chargée d’histoire, avec une architecture à couper le souffle. L’histoire de Sonia, cette Anglaise qui tombe amoureuse de Grenade, montre bien à quel point cette ville peut fasciner. L’histoire du vieux Miguel y est certes pour quelque chose…
Si Une dernière danse reste un cran en-dessous du Fil des souvenirs et de L’Île des oubliés, on le quitte tout de même assez ému par cette histoire qu’on pense pourtant connaître, mais dont la violence est souvent sous-estimée. Nous sommes très curieux de savoir sur quoi portera le roman de Victoria Hislop : peut-être l’Italie ?
J’ai beaucoup aimé L’Ile des oubliés, c’est dommage que celui-ci soit en deçà et plus lent. Je préfère les lectures rapides en été. Une très belle chronique ! 🙂
Merci Léa ! Bonnes vacances !
je trouve que « L’île des oubliés » sera dure à égaler … je ne m’y retrouve plus autant dans ses romans
C’est vrai que c’était très émouvant.
En cours de lecture un début un peu lent puis vient Mercedes et sa famille la guerre d’Espagne l’amour le flamenco j’ai envie de connaitre la suite. J’ai beaucoup aimé: Une nuit en Crète, La ville orpheline, Le fil des souvenirs et surtout l’île des oubliés. Bravo j’attends le prochain