La réputation du mangaka japonais Kei Sanbe en matière de mangas angoissants n’est plus à faire ! Et le voilà qui remet le couvert avec Erased, une série palpitante, qui est passée à un cheveu du prestigieux prix Manga Taishô Awards 2014 (qu’il a laissé à Bride Stories, autre série dont la rédac’ est fan !).
Erased est un manga mêlant thriller et uchronie (genre qui repose sur le principe de la réécriture de l’Histoire à partir de la modification d’un événement du passé), le tout dans une intrigue rondement menée !
À 28 ans, Satoru rêve toujours d’être mangaka, mais ses projets sont refusés par les éditeurs : manque d’âme. Alors il est livreur de pizza à mi-temps. Taciturne, solitaire, renfermé, Satoru subit la vie plutôt qu’il ne la vit. D’autant que la vie de Satoru est perturbée par une légère anomalie. Lorsqu’il se trouve en présence d’un danger vital pour une personne, il est affecté de rediffusion : il retourne quelques minutes dans le passé, minutes qu’il doit mettre à profit pour sauver la personne en danger. Pratique, non ? Pratique… et parfois dangereux. En sauvant un piéton, Satoru est percuté par un camion qui l’envoie à l’hôpital. Le choc va subitement libérer la mémoire de Satoru… un souvenir d’enfance traumatisant va ressurgir, un souvenir que le cerveau de Satoru s’était dépêché d’enfouir. L’attrait du mystère est trop forte : le jeune homme se re-penche sur cette histoire et, bientôt, sa mère se met de la partie, convaincue comme son fils que l’affaire a été mal conclue.
Et, bientôt, Satoru trouve des indices, et file la piste, jusqu’au drame. Drame qui, inexplicablement, le propulse 18 ans en arrière. Une aubaine ! Il va pouvoir corriger de lui-même l’erreur judiciaire qui s’est produite, en commençant par empêcher Kayo, sa petite camarade de classe, de disparaître. Las, c’est plus facile à dire qu’à faire.
Ces trois premiers volumes d’Erased proposent une intrigue extrêmement prenante, et dont le suspens ne se dément jamais. Le premier volume est, globalement, introductif; mais dès l’instant où Satoru se reprend à penser à cette sombre affaire, un malaise indéfinissable se met à planer sur l’histoire, jusqu’à la fin, en apothéose !
Le deuxième volume, lui, berce dans une atmosphère très mélancolique, due au retour de Satoru dans son enfance, mais pas désagréable. Le tome est également plus drôle que le premier, en raison du décalage induit par le Satoru adulte, qui revisite son enfance dans son corps d’enfant. Et sous cette apparente légèreté, le mystère plane toujours ; une impression qui est renforcée dans le troisième tome, qui développe le thriller pur.
Côté graphisme, on regrettera que les visages des adultes de Kei Sanbe soient parfois un peu grossiers, alors que les visages des enfants sont soignés, détaillés et très expressifs. En revanche, on ne peut qu’être impressionnés par la qualité des décors urbains, fouillés, et aux détails très recherchés. Les tons sombres de certains décors ne font que renforcer l’impression de malaise qui se dégage des pages : c’est prenant à souhait !
Avec ces trois premiers tomes, Kei Sanbe livre un début de série magistral. On ne s’ennuie pas un seul instant, et il maîtrise le suspens d’un bout à l’autre. L’histoire est très originale ; si le thème du voyage dans le temps est assez léger, il vient alimenter le suspens et l’enquête digne des grands maîtres du thriller. On comprend mieux pourquoi le manga était dans les favoris du prix Manga Taishô Awards ! Et vu l’issue du dernier tome, on a hâte de lire le suivant, qui sort le mois prochain chez Ki-oon !
J’ai lu ces trois premiers tomes et j’adore !!! Vivement le tome 4 ! 🙂